Foutain (The)

Réalisateur: 

L’arbre de vie

Le secret de la pyramide


Au XVIème siècle, Isabel, la Reine d’Espagne, demande à Tomas, l’un de ses plus fidèles conquistadors, de voguer vers l’Amérique du Sud à la recherche de l’Arbre de Vie des Mayas, dont la légende affirme que la sève donne la vie éternelle à qui la boit. Cette quête désespérée est censée sauver la Reine de la terrible menace qui plane sur elle, menace représentée par le grand Inquisiteur, Silecio. Pour arriver à ses fins, Tomas et ses compagnons de route devront se frayer un chemin au péril de leur vie à travers la jungle hostile avant de découvrir un temple Maya où ils vont affronter des guerriers sanguinaires. Tomas est prêt à tout sacrifier, même sa vie, pour accomplir sa mission.

La maladie d’amour


De nos jours, Tommy Creo, un brillant scientifique cherche désespérément un traitement capable de guérir le cancer qui ronge sa femme, Izzy. Il passe quasiment tout son temps, enfermé dans son laboratoire, à expérimenter sur des singes toutes sortes de remèdes dont l’un d’eux, issu de l’écorce d’un arbre du Guatemala, semble particulièrement prometteur.

La tragédie naît de la fin inéluctable de la jeune femme dont les jours sont comptés et de l’incapacité de son mari à accepter de la laisser mourir. Il l’aime si intensément qu’il ferait n’importe quoi pour la maintenir en vie mais, en agissant ainsi, il ne se rend même pas compte que, cherchant sans cesse un moyen d’être avec sa femme pour l’éternité, il passe, du coup, à côté du temps qu’il pourrait véritablement passer avec elle.

La jeune femme a accepté l’imminence de sa mort et elle tente d’aider son mari à en faire autant. Pour cela, elle écrit un récit métaphorique dans lequel la Reine d’Espagne, se retrouvant en grand danger face à la menace d’un Inquisiteur, envoie un Conquistador à la recherche de l’immortalité. Elle s’arrête volontairement d’écrire avant le début du dernier chapitre, donne le manuscrit à son mari et lui demande d’écrire la fin de l’histoire.

Renaissance


Au XXVIème siècle, Tom, un astronaute voyage à travers l’espace. Assis en position du lotus, seul dans sa bulle (son vaisseau spatial transparent), il passe son temps à méditer et à se nourrir de fragments d’écorce de l’Arbre de Vie. Bien qu’ayant déjà vécu bien plus longtemps que le commun des mortels, il est toujours à la recherche d’un moyen de retrouver son amour perdu. Hanté par ses souvenirs, il commence enfin à percevoir ce que sa femme avait essayé de lui faire comprendre des siècles plus tôt. L’Arbre de Vie est désormais mourant mais il pourrait bien retrouver toute sa force lors de l’explosion de Xibalba, une lointaine nébuleuse. Tom va devoir accepter de fusionner avec l’Arbre de Vie pour mieux renaître mais toute la question est alors de savoir à quoi cela sert d’avoir la vie éternelle si on ne peut pas la partager avec l’être aimé ?

Le sens de la vie

Le récit de The Fountain se déroule sur un millénaire et les trois histoires qui le constituent finissent par converger en une seule et même vérité, quand le héros (successivement guerrier, scientifique et astronaute) parvient enfin à trouver la paix face à la vie, l’amour, la mort et la renaissance. Il ne s’agit nullement ici d’un “voyage dans le temps” traditionnel. C’est plutôt comme si le personnage principal incarnait trois facettes différentes d’un seul et même homme, vivant à trois époques complètement différentes. L’intrigue a pour sujet l’amour avec un grand “A” ainsi que notre difficulté à accepter la Mort, tant la nôtre que celle des êtres qui nous sont chers, ce qui engendre la principale motivation du héros à rechercher la Fontaine de Jouvence avec une telle détermination. C’est ainsi qu’il passe son temps à vouloir contrôler l’incontrôlable alors qu’il doit, en réalité, apprendre à accepter l’inévitable.

Comme dans ses deux précédents films, Darren Aronofsky se démarque de ce qui se fait habituellement et il prend le parti de mélanger des genres très différents (film historique, love story contemporaine, fable romantico-mystique et SF métaphysique) et de ne donner volontairement aucune logique chronologique à son récit dans la mesure où le spectateur assiste à de multiples allers-retours entre les 3 époques (un personnage d’une époque donnant parfois même la réplique à celui d’une autre). Il nous propose sa vision de l’influence que pourrait exercer l’hypothèse d’une vie éternelle sur notre existence au quotidien et nos relations avec les autres. En tentant d’analyser le rapport ambigu que l’Homme entretient avec la Mort, depuis la nuit des temps, on peut alors se demander dans le cas où nous pourrions vivre éternellement, si nous perdrions alors, du coup, notre “humanité” ?

Si Aronofsky fait toujours autant preuve d’un talent visuel indéniable, tant dans son imaginaire que dans sa mise en scène, il est toutefois visible que The Fountain a souffert des coupes budgétaires consécutives aux déboires rencontrés en 2002 et qui ont provoqué la mise au placard du projet pendant 2 ans. La partie se déroulant sur le territoire des Mayas semble bien avoir été sacrifiée sur l’autel d’Hollywood. Le scénario très (voire trop) symbolique a été conçu de telle façon qu’il laisse libre cours à l’imagination du spectateur dans la mesure où plusieurs interprétations de l’histoire sont possibles quant au chemin parcouru par le héros tourmenté pour enfin passer des ténèbres à la lumière. L’aspect abstrait et très philosophique de la partie se déroulant dans un lointain futur risque fort de décontenancer bon nombre de spectateurs.

The Fountain

Réalisation : Darren Aronofsky

Avec : Hugh Jackman, Rachel Weisz, Ellen Burstyn, Mark Margolis.

Sortie le 27 décembre

Durée : 1h 36

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