Fourmi rouge (La)

Je vous parle aujourd'hui d'un livre très spécial, puisqu'il s'agit littéralement d'un coup de coeur ! Cela faisait très longtemps qu'autant d'émotions m'avaient accablée lors d'une seule lecture, une histoire qui met du baume au coeur et qui fait énormément de bien, surtout que mes derniers ouvrages lus ne m'ont pas transportée outre mesure.

Vania Strudel a 15 ans, un œil qui part en vrille et une vie qui prend à peu près la même direction.
Et ce, à cause de :
- Sa mère, qui est morte quand elle avait huit ans.
- Son père, un taxidermiste farfelu.
- Pierre-Rachid, son pote de toujours, qui risque de ne plus le rester…
- Son ennemie jurée, Charlotte Kramer, la star du lycée.
- Sa rentrée en Seconde, proprement catastrophique.

Pour Vania, c’est clair : l’existence est une succession de vacheries, et elle est condamnée à n’être personne. Une fourmi parmi d’autres. Mais un soir, elle reçoit un mail anonyme, qui lui explique en détail que non, elle n’est pas une banale fourmi noire sans aspérités. Elle serait même plutôt du genre vive, colorée, piquante ! Du genre fourmi rouge…

La fourmi rouge est un écrit réaliste, enfin plus ou moins, où sont mis en scène des personnages attachants, et surtout très drôles. Notre petite protagoniste principale est une exclue de la société qui s'assume, du moins en apparence. Créatrice d'une association de looseurs fière de deux membres, elle nous offre par cette adaptation à sa situation des péripéties très drôles et à la fois très réalistes et réfléchies. Vania est l'image même de l'adolescente torturée par ses congénères, en grande partie à cause d'un handicap physique et d'un style de vie sortant de la norme. Le récit de sa vie et son contenu sont sans doute exagérés, mais il n'empêche que la psychologie des personnages et leurs réactions sont des plus banales, psychologiquement correctes.

Que ce soit le harcèlement, la difficulté d'être acceptée lorsque notre quotidien n'entre pas dans les critères normaux, ou encore les réactions des plus banales entre personnages : tout est étonnement réaliste. Ainsi, le lecteur s'identifie à un acteur du récit qui ne peut pourtant qu'avec très, très, peu de chance avoir une histoire semblable à la sienne, et ainsi ses ressentis et émotions parcourent un chemin langoureux et pourtant nécessaire dans le cerveau de celui qui découvre les lignes.

Cela peut facilement cheminer vers une prise de conscience - et avec légèreté qui plus est.

Pourtant, un mail vient chambouler la vie de Vania, mail qu'elle ne partagera avec personne d'autre qu'elle-même. Un anonyme la secoue, sans ménagement, cherchant à lui faire comprendre que, peu importe la situation de départ, la confiance se gagne et s'impose, que les fourmis noires sont banales et qu'une fourmi rouge ne peut se laisser traiter ainsi. La jeune fille va être de plus en plus influencée par ces mots, bien malgré elle.

Cependant, difficile d'affronter le déterminisme de sa vie !

Qui plus est, tous les événements se suivant dans le récit et les conséquences de ceux-ci se font sans brusquerie, sans idéalisme ni inconfort. Le lecteur continue de suivre une histoire agréable, drôle, intelligente et originale.

L'intrigue n'est pas pleine d'action, d'aventure, mais bien de légèreté et de moments qu'on a tous vécus. Jamais l'ennui n'est venu me titiller et le mystère qui entoure l'écrit ne m'a que poussée à dévorer les mots, ligne par ligne, jusqu'à la fin. Cette histoire est belle, touchante.

Un point des plus positifs également, c'est l'écriture. Elle est parfaitement adaptée, recherchée sans être difficile, fluide sans que rien ne nous fasse butter, surtout qu'en plus la cohérence y aide. Je n'ai pas vu les pages passer, littéralement.

Attention, ne croyez pas que ce livre conte un récit déjà-vu, qu'il soit prévisible ou encore ennuyeux. Sincèrement, je pense qu'il peut convenir à beaucoup d'âges. L'amusement n'a pas de prix et c'est une réelle leçon de vie, sans violence de cheminement.

Rapidement lu, mais jamais oublié.

En résumé, les aventures de Vania furent un énorme coup de coeur pour moi. Je ne saurais quoi dire de négatif, vraiment, c'est un écrit fluide, drôle et original à découvrir, qui en plus fait réfléchir. Des sujets difficiles mêlés à la joie de vivre des personnages, à une situation poussée à l'extrême mais complètement assimilable. Un amour de roman que je conseille à tous et toutes.

La fourmi rouge, par Émilie Chazerand, éditions Sarbacane, août 2017, 256 pages, 9782848659985, 15,50€

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