Fils de l'Homme (Le)

Réalisateur: 

La femme serait-elle l’avenir de l’Homme ?


Le scénario du nouveau film d’Alfonso Cuaron est basé sur le seul livre de SF jamais écrit, à ce jour, par la romancière anglaise P.D. James, habituellement spécialisée dans le polar.

Futur immédiat

L’action se déroule en 2027. Les humains ont épuisé toutes les ressources naturelles. La planète a été, en partie, ravagée par des épidémies et des guerres de religion. Cela fait maintenant 18 ans qu’aucun bébé n’est né car toutes femmes sont devenues stériles sans que les scientifiques ne sachent pourquoi. Le désespoir a engendré à travers le Monde un climat de violence, d’anarchie et de nihilisme exacerbé. Seule la Grande-Bretagne a réussi à éviter le pire en se dotant d’un régime totalitaire. Devenue l’unique espoir d’une humanité complètement déboussolée, elle attire sur son territoire des milliers de réfugiés, qui sont capturés dès leur arrivée et systématiquement parqués dans des camps de regroupement avant d’être impitoyablement rejetés à la mer.


Complètement désabusé depuis la mort brutale de son fils de 2 ans survenue quelques années auparavant, rien de tout cela n’a plus d’importance pour Theo, car le militant actif qu’il fut dans le passé s’est désormais reconverti en bureaucrate résigné à vivre au jour le jour. Il ne se soucie plus d’un avenir inexistant. Son seul plaisir dans la vie consiste à rendre régulièrement visite à son vieil ami Jasper. Rebelle dans l’âme et incorrigible hippie, ce dessinateur satirique arrondit ses fins de mois en vendant la récolte de ses plants de cannabis. C’est après l’une de ces visites que Theo est enlevé sur l’ordre de son ex-femme, Julian, le chef d’une cellule clandestine qui résiste et milite activement pour le droit des réfugiés.

Moyennant finances, elle demande à Theo de procurer à Kee, l’une de ses protégées, des papiers lui permettant de franchir la frontière et de l’aider à rejoindre une organisation secrète, baptisée “Projet Humanité”. Au cours d’un périlleux voyage en direction de la côte, il découvre la vraie raison de cette mission : Kee est enceinte de 8 mois et incarne le dernier espoir du genre humain, le miracle que chacun espérait depuis presque 2 décennies. Alors que la fin de l’Humanité semblait inéluctable, cette grossesse miraculeuse est porteuse d’espoir et le bébé se voit d’office attribuer le rôle de nouveau Messie. Dès lors, dans chaque camp, des hommes sont prêts à tout pour s’emparer de la jeune femme et son futur enfant.

Renaissance


Les Fils de L’Homme ne peut pas vraiment être catalogué comme de la science-fiction bien que l’action ait effectivement lieu dans le futur. En effet, dans le cas présent, ce futur est non seulement proche dans le temps puisque les évènements relatés se déroulent en 2027 mais surtout parce que l’univers décrit est similaire à notre présent actuel dans la mesure où il n’y est pas fait usage d’une robotique ultra-perfectionnée et encore moins de véhicules volants ou de tout autre élément relevant de la SF traditionnelle. Le monde de 2027 décrit ici n’est autre que celui de 2006 dans lequel tout ce qui fait partie de notre quotidien aurait malheureusement dégénéré en pire (conflits religieux, répression musclée de l’immigration, pensée unique, épidémies, pollution, etc…).

C’est justement ce parti pris choisi par Cuaron qui fait toute la différence et insuffle une véritable force au récit. Pour appuyer son propos, il a tout misé sur l’aspect hyperréaliste des images en choisissant une approche quasi-documentaire avec caméra à l’épaule et utilisation de plusieurs plans-séquences (dont celui de l’attaque de la voiture sur une route déserte et celui de la guérilla urbaine où Theo fait tout ce qu’il peut pour tenter de protéger Kee et son enfant). En mettant sa mise en scène entièrement au service de l’histoire, Cuaron plonge littéralement le spectateur au cœur de l’action ce qui renforce l’intensité dramatique de l’intrigue sans compter que le personnage de Theo est celui d’un antihéros, à savoir un homme ordinaire placé dans une situation extraordinaire, qui se retrouve involontairement en position de pouvoir offrir à l’Humanité une seconde chance, au moment où l’espèce humaine est en voie d’extinction, ainsi que sa renaissance symbolique. En outre, le casting est parfait ce qui favorise l’implication du spectateur et le pousse, du coup, à réfléchir sur son avenir.

Josèphe Ghenzer

Les Fils De L’Homme

Réalisation : Alfonso Cuaron

Avec : Clive Owen, Michael Caine, Julianne Moore, Chiwetel Ejiofor, Charlie Hunnam, Clare Hope-Ashitey.

Sortie le 18 octobre

Durée : 1 h 50

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Commentaires

C’est étrange... mais le fait que les femmes, dans ce récit, n’arrivent plus à engendrer des enfants est un phénomène qui, à mon avis, pourrait bien avoir été inscrit dans le code génétique du génome humain... dans le sens que l’humanité, en quelque sorte, pourrait bien avoir été "programmée" génétiquement par un quelconque Être Suprême pour que les femmes, à un certain moment de l’histoire humaine, n’arrivent plus à engendrer des enfants, démontrant ainsi que l’humanité serait finalement parvenue à sa "dernière génération" d’êtres humains qui était destinée à se manifester sur cette terre avant que ne vienne une "fin du monde" imminente qui avait somme toute été programmée par un tel "Créateur suprême" ou ce que d’autres pourraient bien appeler "Dieu".

Aussi, c’est pourquoi je pense que ce récit a un fondement judéo-chrétien qui soutient aussi que notre humanité parviendra, un jour, à sa propre fin, avant que puisse avoir lieu un quelconque "jugement dernier" où chacun des êtres humains qui aura passé sur cette terre se verra être rétribué selon ce qu’auront été ses oeuvres. Bien sûr, un tel événement ne pourrait se concevoir que si les êtres humains destinés à se manifester sur cette terre auraient eux-mêmes été programmés pour ne se manifester qu’une seule fois sur cette terre en tant que "simple mortel", après quoi devrait normalement avoir lieu leur jugement. Mais, bon, ceci est un tout autre débat et ouvre très certainement la porte à toutes sortes de spéculations eschatologiques tout en remettant en cause la notion même de "réincarnation".

Quoiqu’il en soit, il est notoire qu’il ne saurait aucunement être question de "jugement dernier", et encore moins de "fin du monde", sans que l’humanité soit pourvue d’un nombre bien spécifique d’individus qui devraient normalement se manifester sur cette terre avant que ne viennent justement cette "fin du monde" et le "jugement dernier" tant appréhendés, autant par les croyants que par les non-croyants. Par conséquent, un tel déroulement de l’histoire humaine exigerait que l’humanité soit pourvue d’un nombre bien "limité" d’êtres humains qui seraient destinés à se manifester sur cette terre avant que ne vienne la "fin du monde" ici anticipée.

Pour ma part, je dirais que ce phénomène pourrait bien être le prélude d’une certaine évolution de l’espèce humaine vers un niveau supérieur d’existence... ce que d’autres pourraient probablement relier à une quelconque "résurrection" de cette même espèce humaine, à la fin des temps, ou encore à un quelconque "Royaume de Dieu"... à savoir à un passage vers un tout nouveau stade d’existence qui ne serait pas limité par le temps... étant donné que le monde temporel aurait fait place à l’éternité.

Bien sûr, le fait que l’espèce humaine pourrait bien connaître sa "fin" fait un peu peur... c’est normal... mais on pourrait toujours se consoler en pensant que la "fin de ce monde" ne serait que le prélude d’un monde meilleur... à savoir un simple passage de l’espèce humaine vers un niveau supérieur d’existence où tous les êtres humains qui le mériteraient pourraient vivre indéfiniment dans un quelconque "nouveau monde" qui aurait tout spécialement été conçu pour de nouvelles créatures qui, elles, seront immortelles et où il n’y aura plus lieu d’engendrer des enfants.

Mais, bon, ceci n’est que mon opinion personnelle. Toutefois, s’il est vrai que cette humanité a bien eu, un jour, un "commencement", alors il serait tout à fait logique et normal, à mon humble avis, de s’attendre à ce que cette même humanité ait aussi, un jour, sa propre "fin" ! Quoi de plus logique ! Car comme le dit si bien un proverbe... mieux vaut la fin d’une chose que son commencement !

Pour ma part, je terminerais en disant que le monde actuel est très certainement un échec lamentable et fort regrettable !.. à voir tout ce qui se passe ici-bas.

À tout bon entendeur.

Serge Bessette