Famille (La)

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Brooklyn, années 1930. Sofia et Antonia, voisines et amies inséparables, sont liées par un point commun singulier : leurs pères travaillent pour Tommy Fianzo, parrain de la mafia locale. En regardant chaque jour leurs mères subir une vie faite d'inquiétude et d'obéissance muette, les fillettes se jurent de ne jamais épouser d'hommes oeuvrant pour la Famille. Quand il arrive malheur au père d'Antonia, leur amitié se fragilise et leurs rêves commencent à diverger : l'une voudrait faire des études quand l'autre préfère les frivolités. Mais quels chemins prendront les deux amies lorsqu'une fois adultes elles devront choisir qui devenir ? Femme, épouse, mère, veuve ? Victime ou complice ?

 

J'ai eu un coup de coeur pour ce premier roman incroyablement maîtrisé. Naomi Krupitsky signe une fresque s'étendant sur deux décennies, pendant lesquelles nous suivons la vie de Sofia et d'Antonia.

Brooklyn et la mafia sicilienne sont des thèmes rebattus, aussi bien en littérature qu'au cinéma. Mais ils le sont toujours du point de vue des hommes, qu'il s'agisse des films de Scorcese ou de Coppola, entre autres. Là, l'autrice nous donne à voir l'autre côté, celui des femmes, celui des familles qui composent la Famille. Jamais encore (à ma connaissance) quelqu'un ne s'était intéressé à démontrer à quel point ces femmes (épouses, soeurs, filles...) sont le pilier sur lequel repose la bonne marche de l'Organisation. Car sans elles et leur approbation muette, les hommes ne seraient plus rien. Jamais non plus on n'avait si bien rendu la douleur et la peur qui façonnent leur quotidien, à leur corps défendant.

Sofia, Antonia, Rosa et Lina apprennent chacune à sa façon à conjuguer avec ce que la vie dans la Mafia leur réserve, avec plus ou moins de succès, avec plus ou moins de révolte.

Roman sur la sororité, sur les occasions ratées, sur la façon dont la vie nous façonne un chemin dont il est difficile de s'éloigner La Famille fourmille de passages et de phrases d'une beauté poétique à faire pleurer. Roman introspectif aussi, puisqu'on pénètre au plus profond des sentiments et des émotions des personnages.

Cela se passe à Brooklyn dans les années 1930-1940, mais cela pourrait être transposé n'importe où et n'importe quand, tant l'étude des ressentis féminins est universelle et juste.

Je vais suivre avec attention les prochaines parutions de cette autrice très prometteuse.

 

La Famille de Naomi Krupitsky, Folio, ISBN 978-2-07-304374-0, 9,40€

 

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