Naïve

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Naïve est une adolescente de 15 ans. Elle n’aime pas sa vie. Elle s’y sent comme dans une prison. Normal avec des parents qui sont de vrais automates. Le matin, c’est petit déj’, puis boulot. Le soir, c’est dîner, puis dodo. Et chaque jour, rebelote. Bon, y’a bien les week-ends chez les voisins. Mais passer sa journée à manger des taboulés merguez, c’est pas son truc à Naïve. Non. Ce qui la fait kiffer, c’est ses sorties avec Lulla, sa copine karatéka. Lulla idolâtre Bruce Lee. Elle dit que quand il pousse un cri, ça vient de l’intérieur ! Ouais, elle est trop cool Lulla. Bien plus cool que tous ces profs à tête d’animaux qui ne parlent que de maths et de français. Bien plus cool que Nino, le petit frère qui a le droit de faire ce qu’il veut, même de caffeter auprès des parents. C’est pour ça qu’ils l’aiment bien d’ailleurs leur fiston. Lui, il n’a pas de mauvaises notes. Lui, il aime « Harry Potter » et pas le beau gosse à moto qui fait tomber les filles. Ah ! La vie n’est pas toujours rose pour Naïve. Même si, l’autre jour, elle a rencontré pire qu’elle. En s’approchant de son miroir, elle a vu un autre reflet que le sien. Ce visage si sévère, si adulte, c’est Néva. Une jeune femme au bord de la dépression qui vit dans un autre monde, de l’autre côté du miroir. Une jeune femme qui lui ressemble beaucoup à qui Naïve a juré de remonter le moral.

« Naïve » est une agréable métaphore de l’adolescence. Ces fameux 15 ans où notre imaginaire d’enfant s’oppose à un réalisme bien adulte. A travers l’imaginaire de son héroïne, Sylvie Fontaine illustre parfaitement cet entre-deux de l’adolescence. Chaque case offre une vision parallèle de notre monde d’adultes. Le côté routinier, très monotone, qui agace nos ados, est retranscrit, entre autres, par ces parents avec de grosses clefs mécaniques dans le dos. Il suffit de remonter la machine tous les matins et c’est parti pour le boulot-métro-dodo. Quand on est une jeune fille de 15 ans, on connaît aussi ses premiers chagrins d’amour. « A la soirée de Pam’, Naïve se prend son premier râteau ». Ce serait en ces termes que Nino s’exprimerait. Seulement, pour Naïve, ce n’est pas un vulgaire râteau. Le monde s’écroule sous ses pieds. Allongée sur un lit de fleurs, elle se meurt doucement. Tout le monde l’aimait. Tout le monde la regrette. « C’était une chic fille, finalement ». « On ne la connaissait pas, c’est dommage ». Puis Naïve monte au paradis. Là-haut, il y a une maison en sucre, avec plein de glaces et de jolies rideaux fleuris. Quel malheur ! Naïve ne peut pas rentrer dedans. Elle est trop grande maintenant. Cette parabole sur l’innocence perdue traduit l’ensemble de cette bd à la fois émouvante et poétique. Elle saura, j’en suis sûr, toucher votre cœur d’adolescent. Elle a bercé le mien, le temps d’une lecture.

Titre : Naïve

Scénario et dessins : FONTAINE Sylvie

Editeur : La boîte à bulles

Collection : Contre-jour

Parution : novembre 2007

Nombre de pages : 96

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