Et le mal viendra
Le capitaine de police Julian Stark n’a plus qu’un seul but dans la vie : arrêter Morgan Scali, l’écologiste humaniste versé dans le terrorisme afin d’imposer ses idées. Son ennemi public numéro 1, celui qui lui a enlevé sa fille Charlie pour l’enrôler dans sa croisade. Celui qui est prêt à sacrifier des milliers d’enfants pour que le monde prenne enfin conscience qu’il court à sa perte. Au moment où on finit par le localiser, au Congo, il pense que sa longue traque touche à sa fin. Mais Stark est loin d’imaginer que Scali n’a pas dit son dernier mot…
Bienvenue dans l’éco-thriller de l’année ! « Suite » indirecte d’Islanova, dont il reprend certains personnages, mais qui selon les auteurs et l’éditeur peut se lire indépendamment (ce que j’ai fait sans problème), Et le Mal viendra est surtout une formidable mise en abyme d’un personnage, Morgan Scali. Qu’est-ce qui pousse un homme en apparence banal, meurtri par la vie et les évènements du 13 novembre au Bataclan, à devenir un être haïssable ? Nathalie Hug et Jérome Camut nous relatent le parcours de cet homme, depuis son départ pour le parc des Virunga au Congo, en passant par le désert de Somalie, jusqu’aux ruines d’Islanova. Idéaliste, Scali veut faire le bien autour de lui, apporter l’électricité et la chaleur dans la jungle, l’eau dans le désert. Alors qu’il multiplie les échecs involontaires, qu’il voit des centaines de ses semblables mourir dans l’indifférence générale, Scali se laisse bercer par les sirènes de certaines personnes qui l’entourent. Pour faire bouger le monde, il n’y a qu’une solution : la violence… Il devra s’y résoudre, encouragé par les moyens financiers et technologiques énormes mis à sa disposition. Avec en toile de fond, cette question terrible : en quoi la vie des enfants africains qui meurent de soif chaque jour serait-elle moins importante que celle des enfants européens?
Au terme de ce roman mené sans aucun moment de faiblesse, les auteurs nous réservent une surprise de taille. Je n’en dis pas plus, sinon qu’il y avait longtemps que je n’avais pas lu un thriller écologique aussi intense et mouvementé depuis Etat d’urgence de Michael Crichton.
De Nathalie Hug, je connaissais la qualité de plume déjà à l’époque estudiantine (je ne pouvais qu’être sensible au fameux responsable d’anapath du roman !) et qui ne fait que confirmer son talent de raconteuse d’histoire. Je découvre celle de Jérome Camut. Et le Mal viendra est indiscutablement un très bon roman, de ceux dont on savoure lentement chaque page, et le duo des auteurs incontournables de la scène littéraire française.
Du coup, dois-je remercier les éditions Fleuve qui vont m’obliger après cette découverte à me procurer au plus vite leurs autres opus ? :)
interview de Jéröme Camut et Nathalie Hug ici
Et le Mal viendra - Jérome Camut & Nathalie Hug - Editions Fleuve 03/19, 19,90 €