Esther

La mauvaise graine

Une enfant pas comme les autres

Après voir traversé toutes sortes de problèmes personnels dont une tragique fausse-couche survenue au dernier trimestre de sa grossesse, Kate Coleman décide avec son mari John d’adopter un enfant en espérant que cela les aidera à retrouver une vie de famille plus équilibrée.
En se rendant à l’orphelinat voisin, le couple se sent étrangement attiré par Esther, une fillette de 9 ans qui a perdu sa précédente famille adoptive dans un tragique incendie auquel elle a échappé de justesse. Si Daniel, le fils aîné des Coleman, n’apprécie guère l’arrivée chez eux de la nouvelle venue car elle le prive de l’attention de ses parents, à l’opposé Max, sa sœur cadette qui est sourde-muette, semble ravie d’accueillir Esther car celle-ci apprend rapidement les rudiments de la langue des signes afin de pouvoir communiquer avec elle. Les Coleman sont impressionnés par le côté mature de la fillette, qui est visiblement très intelligente et dotée de talents artistiques.

Peu de temps après l’arrivée d’Esther, une suite d’incidents inquiétants attire l’attention de Kate qui ne tarde pas à se demander si la fillette, à l’apparence timide et réservée, ne serait pas responsable de ces étranges évènements. Mais, à part Kate, personne ne semble avoir rien remarqué et nul ne partage ses doutes. Avec son look désuet et son comportement apparemment angélique, on donnerait à Esther le bon Dieu sans confession alors qu’en réalité, elle s’avère être bien moins innocente qu’il n’y paraît.

Blessures secrètes

Kate est encore profondément affectée par sa récente fausse-couche et elle a aussi derrière elle plusieurs années d’alcoolisme qui faillirent être fatales à Max. Elle culpabilise depuis lors. De son côté, John lui en veut encore même s’il se garde bien de lui reprocher son comportement passé. Même s’il tente de dépasser tout cela, il a encore du mal à (re)faire confiance à sa femme.

Esther exacerbe tous ces problèmes et en tire avantage en les montant l’un contre l’autre sans en avoir l’air car c’est une manipulatrice-née. Elle se présente sous les dehors d’une fillette angélique, qui a eu un passé difficile et est contente de trouver une nouvelle famille. Dans un 2ème temps, elle dévoile un autre visage et des intentions maléfiques avant qu’on ne finisse par découvrir la vérité la concernant. Son humeur est changeante : elle est joyeuse et douce mais, la minute suivante, elle peut devenir colérique et agressive ou encore froide et implacable.

Trouble jeu

Ce thriller horrifique, qui joue habillement sur le thème du “killer kid”, accorde une large place à la psychologie de ses personnages ainsi qu’à leur lourd passé qui influence leurs actes présents. Le scénario, qui se penche sur la déliquescence de la famille et n’hésite pas à être subversif, balade astucieusement le spectateur en lui suggérant tout au long de l’intrigue diverses pistes jusqu’au twist final qui lui dévoile enfin la vérité sur la machiavélique Esther. Tout repose ici sur le climat anxiogène savamment instauré par Jaume Collet-Serra et mis en exergue par sa mise en scène stylisée mais diablement efficace, qui rend hommage aux codes du genre tout en les utilisant à contre-emploi, et par une superbe photo. A cela s’ajoutent les excellentes prestations de l’ensemble du casting et, plus particulièrement, celle de la jeune mais non moins talentueuse Isabelle Fuhrman qui incarne à merveille la diabolique Esther.

Esther

Réalisation : Jaume Collet-Serra

Avec : Vera Farmiga, Peter Sarsgaard, Isabelle Fuhrman, CCH Pounder, Jimmy Bennett, Aryana Engineer

Sortie le 30 décembre 2009

Durée : 2 h 02