Enfants du serpent (Les)

Début octobre sort le nouveau roman de Clarence Pitz. Les retours de lecture tombent plus rapidement que des Sioux à la bataille de Little Bighorn. Je ne me souviens pas avoir vu un tel déferlement d’enthousiasme concernant un roman.

"Ne t’emballe pas poupoule" que j’me dis. J’ai quelques lectures qui sont prioritaires (elles venaient de la droite), et on s’occupe du cas Pitz un peu plus tard, mais avant la fin d’année je m’y engage. C’est quand j’ai vu les premières frangipanes dans les boulangeries que je me suis rendu compte qu’il fallait passer la vitesse supérieure pour pouvoir tenir ce serment fait à moi-même (Je n’aime pas me décevoir).

Les enfants du serpent est un roman très dur, le premier chapitre met dans l’ambiance immédiatement. Un chapitre nécessaire, qu’il ne fallait surtout pas édulcorer. Il ne l’est pas du tout, on le finit avec le souffle coupé. Le lecteur va voguer entre deux pays, sur deux temporalités. Du Congo à Bruxelles, le passé et le présent se mélangent et offrent une histoire d’une rare densité. On est autant dans un roman noir que dans un thriller et les deux aspects sont maitrisés par la jeune auteure belge. A aucun moment la ligne qui sépare la violence nécessaire pour servir le roman et le voyeurisme inutile n’est franchie. C’est pour moi la marque d’une grande auteure, car il est si facile de laisser sa plume aller vers la facilité et le spectaculaire.  

Les personnages sont l’armature de ce roman, tous sans exception. Les personnages secondaires sont aussi importants, et traités avec le même désir de perfection.

Les faits réels évoqués dans ce roman font froid dans le dos. Les conflits dans le monde montrent le vrai visage des hommes, de leur noirceur (le mot est faible), et c’est avec ce genre de lecture que nous pouvons (re)prendre conscience de ce qui s’y passe. Presque toujours la même chose malheureusement. Les femmes sont les victimes d’exactions épouvantables et inhumaines, on en parle, à mon sens, pas assez.

Merci Madame Pitz pour ce roman, c’est grandiose, courageux. Qui sait, dans le monde utopique dont je rêve parfois, ça fera un peu bouger les choses. 

Les enfants du serpent, de Clarence Pitz, au Phénix Noir