Éminence bleue (L'), William Clarck T1

Auteur / Scénariste: 

D'abord, je remercie les éditions Michel Lafon pour cet énième envoi et la confiance qu'ils m'accordent. Les aventures de William Clarck ont malheureusement été une déception pour moi, déception certes assez sévère mais soignable.

 

Résumé :

À 15 ans, William Clarck est un apprenti hacker à tendance kleptomane qui utilise ses talents pour restituer à ses camarades les objets confisqués par les professeurs. Jusqu’au jour où il se fait prendre et finit au poste. Il pensait que sa vie n'allait plus jamais être la même, mais il n'imaginait pas à quel point. De retour chez lui, il découvre avec horreur que sa mère a été assassinée et son père lui révèle une vérité incroyable : agent spécial, il a été démasqué et toute sa famille est désormais en danger...
William, aidé par sa meilleure amie Zoé, subtilise un téléphone-taser aux services secrets auxquels il a été confié. Ensemble, ils se lancent dans une périlleuse aventure à la poursuite de l'insaisissable tueur qui a juré la perte des Clarck.

 

J'avais entendu plus d'une fois parler de Guillaume Benech, alors quand l'occasion de le découvrir m'a été offerte, je n'ai pas hésité. Au vu de son jeune âge, je l'imaginais bien dans ce genre. Le jeunesse mêlant affaires du gouvernement, meurtres, énigmes, n'est pas très facile à exploiter, tant nombre de prédécesseurs s'y sont déjà attelés, mais il me semblait, de réputation, que cet auteur pouvait relever le défi. Malheureusement, il ne m'a pas totalement convaincue.

 

Je vais sans douter chroniquer ce roman par alternance, en expliquant, pour chaque point, le bon et le mauvais. Le blanc et le noir. Le pourquoi je suis mitigée.

 

En soit, j'ai plutôt bien aimé les personnages, sauf William. Ce n'est pas une situation très aisée que de ne pas porter le principal dans son cœur, mais, pour moi, il n'avait rien de vrai. Sa meilleure amie, Zoé, me charmait un peu plus. Avec son tempérament mi-agressif mi-réfléchi, elle me plaisait, sortant des chantiers battus tout en y laissant un pied. Le père de William, aussi, bien qu'on l'ait très peu rencontré, ne me laissait pas indifférente. Je ne saurais pas forcément décrire le pourquoi, mais sans doute décelais-je en lui une personnalité forgée par les épreuves à exploiter.

Pourtant, je ne me suis réellement accrochée à aucun des protagonistes de l'histoire. Et pour une seule et bonne raison, décisive de mon point de vue : un manque total de cohérence psychologique. Des larmes qui ne venaient pas, une souffrance qui semblait inexistante, une peur oubliée, toutes ces émotions humaines qu'il me faut pour passer un bon moment de lecture, jetées aux oubliettes. Je pense qu'il s'agit de maladresses venant de l'auteur, j'aurais sincèrement aimé que les acteurs du récit aient cette capacité à me rendre les mains moites, à me faire rire ou me faire ressentir un pincement au cœur. J'aurais aimé ressentir ce que tout lecteur recherche : des émotions, de l’empathie.

 

Et c'est, pour moi, le plus gros point faible du récit : la vraisemblance.

 

Il est vrai que le genre jeunesse demande généralement moins d'approfondissement qu'un livre pour adultes. Ce que je veux dire, c'est que les détails sont généralement moins importants, si le public ciblé est plus jeune. Le but est de passer un bon moment. Mais, rien à faire, j'ai vraiment eu beaucoup de mal, même avec cette idée en tête...

Les événements se sont succédé, les situations compliquées s'enchaînaient, mais également les solutions miracles... Je n'ai pas retrouvé ce côté vil de l'esprit humain, qui aurait pourtant être très bien pu caractérisé par certains personnages, ces frissons que l'on peut ressentir lors d'une scène choc, ou même ce suspense, pourtant si légitime dans un livre de ce genre. J'ai trouvé l'histoire trop « banale », trop prévisible sans doute. Insérer quelques personnages de plus aurait-il peut-être pu élargir l'horizon des suspects potentiels et combler un peu plus le lecteur.

En réalité, William Clarck n'est pas un mauvais roman, mais il manque clairement de profondeur. Cette vraisemblance, cette psychologie, ce suspense, ce sont des points qui auraient pu être développés et acquis avec un peu plus de longueur. Il fallait prendre le temps. Les 300 pages n'ont pas suffi à cette mission. Ces manques, ces défauts, proviennent de cette trop courte narration. Les bases (personnages, récit, émotions) sont fixées, bonnes, mais pas assez exploitées. Avec ce premier tome, une duologie, voire une trilogie, aurait pu être envisagée. Il faut certes parfois faire des choix, mais dès lors qu'il arrive qu'un drame soit résolu en une dizaine de pages, on observe un clair manque d'approfondissement et de clairvoyance. Le lecteur reste sur sa faim, quoique celle-ci n'ait peut-être même jamais été attisée.

 

Par contre, je dois dire que l'écriture était plutôt chouette et accompagnait bien la lecture. Un récit court, agrémenté par cette écriture jeunesse et ce style léger, a permis de terminer le livre avec une certaine rapidité, parsemée quelques fois de touches agréables et fines.

 

En résumé, William Clarck est une bonne base d'écriture, mais son manque de longueur et d'approfondissement ont fait naître beaucoup de défauts difficiles à digérer. J'ai été déçue, pourtant il me reste l'espoir d'un avenir plaisant. Ce sont des maladresses qui, sans doute, s'effaceront, par l'expérience des critiques, de l'âge, mais aussi par une histoire déjà posée et qui ne demande qu'à s'élancer. C'est un nouveau défi à relever.

 

L'éminence bleue, William Clarck, T1, par Guillaume Benech, Éditions Michel Lafon, septembre 2016, 9782749929071, 14,95€

 

Lien vers la chronique de blog : http://honey-money.weebly.com/chroniques/william-clarck-1-leminence-bleue

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