Dune, un chef-d'oeuvre de la science-fiction

Nicolas Allard constate que, dans l'opinion des lecteurs et amateurs hors fandom, Dune n'occupe pas une place de mythe universel comme Star Wars, Harry Potter ou Le trône de fer. Même si, pense-t-il, les films de Denis Villeneuve pourraient réaliser ce passage au mythe de référence que ni le film de David Lynch, ni les séries télé, ni les rares essais de jeux vidéo n'ont encore obtenu.

Pourtant les idées et archétypes du roman ont été répétés dans de nombreuses œuvres ultérieures, comme il prétend le montrer dans la troisième partie de son essai en recensant les nombreuses similitudes entre Dune et des œuvres ultérieure, en oubliant d'ailleurs que, dans certains cas, voire la plupart d'entre eux, il ne s'agit pas de réutiliser une idée de Dune, mais bien de réutiliser une idée ou un archétype bien plus ancien, auquel s'était, parfois ouvertement, référé Frank Herbert. Pire encore, quand il compare Star Wars à Dune, il lui arrive de mélanger Luke et Anakin Skywalker. Alors même que le second n'est, en fait, qu'une copie du premier modifiée par l'obligation d'échouer à devenir le héros qu'est devenu Luke dans la trilogie initiale (renumérotée IV, V VI). En bref, je crois que la troisième partie, si elle établit bien certaines ressemblances entre Dune et les autres œuvres, montre plutôt l'usage des mêmes sources qu'une influence directe. Faut-il rappeler que George R. R. Martin, quand on lui demande ses sources pour Le trône de fer, cite, d'abord, Les rois maudits de Maurice Druon ?

Ceci étant le début de l'étude, bien documenté, apporte de nombreuses innformtions sur les sources et les méthodes de Frank Herbert. Les citations ont parfois tendance à la redite, mais les idées sont là. Peut-être quelques oublis dans le fait que ne sont évoqués que quelques autres romans, alors que l'oeuvre de Frank Herbert contient bien d'autres exemples des idées évoquées et que la série Dune, même si elle constitue le sommet de l'iceberg « œuvre de Herbert », est en relation avec la plupart des autres œuvres, que ce soient Projet 40 (La ruche d'Hellstrom), Le bureau des sabotages (L'étoile et le fouet, Dosadi), Les fabricants d'Eden, Et l'Homme créa un Dieu, Destination vide et ses suites...

Enfin il y a un oubli énorme à mes yeux. Alors même qu'il devient, à travers ses clones, dans les derniers volumes (à partir de L'Empereur-Dieu), un personnage central (mais il est déjà important dans Le Messie), je n'ai presque pas vu citer Duncan Idaho. J'avais pourtant gardé l'impression que Frank Herbert en fait, d'une certaine façon, le successeur de Paul Atréides comme pivot de la saga.

Cet essai apporte néanmoins des informations utiles, des idées que je n'avais pas creusées, mais il ne me convainct pas. À cause, surtout, de sa dernière partie. Il est certainement utile comme complément à la lecture ; sans doute plutôt après avoir lu, au moins, les deux premiers tomes, voire les quatre premiers.

Dune, un chef-d'oeuvre de la science-fiction, par Nicolas Allard, Pocket 7348, 2023, 331 p., couverture de Julien Rico Jr, cat. 8, ISBN 978-2-286-33261-3