D’os et de chair
Avertissement préalable : ce livre reprend une histoire déjà parue dans un livre antérieur et est probablement bien moins difficile à comprendre si on a lu d’abord De chair et d’os qui raconte une histoire déjà plus ou moins classique, celle de l’humain moderne attiré dans un monde « de fantasy », c’est-à-dire un univers plus ou moins parallèle où habitent des humains dans une culture médiévale, mais aussi d’autres espèces, dont les orcs, ou plutôt les Arz’hed comme ils se désignent, les Dibs et, peut-être encore d’autres qui n’interviendront pas. Sans oublier les mages, dont le duc Hessois qui a ouvert le passage vers notre monde afin de massacrer les participants d’un JdR auquel participait le héros. Prisonnier d’un autre seigneur de ce monde, le héros s’échappe en compagnie d’une captive Arz, N’nabel, avec laquelle il va vivre un certain nombre d’aventures avant d’attaquer Hessois et de retrouver le chemin de notre monde, où il n’a plus de place, avec tout ce qu’il a appris dans l’autre...
Didier Quesne a, précédemment, écrit un certain nombre d’œuvres de fantasy et une quadrilogie plus science-fictive, Sangornis Prima, mais je n’avais lu de lui que De chair et d’os, véritable science-fantasy (que je classe donc dans la SF car elle en a le langage, quand bien même y interviennent créatures « féériques » et magie). Aussi ai-je tout de suite été intéressé par cette réécriture de l’histoire, telle que narrée par N’nabel, qui ne connait de l’histoire de Luso que ce qu’il lui a raconté ou ce à quoi elle participe. L’idée de reprendre un personnage « secondaire » d’un roman n’est pas nouvelle et est profondément différente de l’écriture à plusieurs voix de plus en plus à la mode. Contrairement à un John Gardner qui donne la parole au monstre Grendel, Didier Quesne reprend un de ses propres personnages. Et, conformément au problème actuel de la parité, c’est à un personnage féminin (apparemment les Arz’hed sont à peine moins masculinistes que les humains) et, aussi, au spécisme, le rejet par les humains des Arz’hed et par les Arz’hed des humains, qu’il s’attaque. Avec le risque d’être jugé comme un traitre par certains et, pire encore, comme un faux allié illégitime par les autres.
Moi-même humain et mâle, je le juge aussi sincère que possible et je trouve son essai réussi. Aux autres lecteurs de confirmer ou de contredire cette impression...
D’os et de chair de Didier Quesne, NestiveQnen, 2020, 276 p., couverture et dessins de Carolina Sans Cuede, 19€, ISBN 978-2-36001-001-1