Dix jours avant la fin du monde

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Deux lignes d'explosions ravagent la Terre. Nul n'en connaît l'origine mais quand elles se rejoindront au large de notre côte atlantique, le monde sera détruit. Sur les routes encombrées de fugitifs qui tentent en vain d'échapper au cataclysme, six hommes et femmes sont réunis par le destin. Ensemble, ils ont dix jours à vivre avant la fin du monde...

 

Dès la quatrième de couverture, le ton est donné : on est bien dans un roman apocalyptique, rythmé par les heures d'un compte à rebours macabre, au terme duquel l'humanité sera annihilée dans une proportion inimaginable.

Là où Manon Fargetton frappe fort, c'est qu'elle s'affranchit délibérément de tous les codes du genre et refuse d'en suivre les lignes directrices. Ici, point de leader qui émerge, aucun acte de bravoure inouï, pas de méchant machiavélique. Les personnages sont des gens assez ordinaires, qui traînent leurs fêlures et leurs blessures derrière eux, incapables de s'en affranchir, même pour la fin du monde.

Il y a Valentin, le caméléon angoissé, Lili-Ann qui poursuit une unique idée : retrouver sa famille, Gwen l'écrivain névrotique réfugié dans l'écriture au détriment de sa compagne Sara, Béatrice, la flic solitaire. Et Brahim, le quinqua pétri d'humanité et d'altruisme, qui va se révéler le seul ciment capable de réunir tout ce petit monde. Rien que pour lui, le roman vaut le coup d'être lu.

À petites touches, l'autrice nous fait entrer dans la tête de ses personnages, qui appréhendent l'apocalypse par le petit bout de leur lorgnette individuelle et apprennent à s'ouvrir - un peu - dans un road-trip effrayé pour rejoindre le morceau de Bretagne qui sera le dernier à disparaître.

Pendant les trois quarts du roman, je me suis laissée porter par l'écriture de Manon Fargetton et sa façon de parler de la fin du monde. Elle parvient à nous plonger dans des sentiments universels par le biais des ressentis pourtant assez égocentrés de ses personnages. C'est terriblement crédible et l'émotion pointe à de nombreuses reprises.

J'ai été néanmoins vite agacée par l'irruption régulière d'extraits du roman de Gwen, qui ne me semblaient rien apporter au récit. Et, dans les derniers chapitres, ça se gâte. Le roman de Gwen vient parasiter la réalité, la phagocyter dans une soupe métaphysico-new age à laquelle je n'ai pas du tout adhéré, et qui m'a complètement gâché la fin (que je trouve très mièvre et mal assortie au reste du livre).

J'ai été également surprise de voir que le livre est classé en jeunesse. Je ne le mettrais pas dans les mains d'un ado avant au moins 16 ans, en raison de passages assez durs (orgies, suicides collectifs, morts d'enfants). Même s'ils passent assez rapidement, ces  moments peuvent perturber les plus jeunes.

Malgré ma semi-déception à la fin du livre, je relirai sans hésiter d'autres ouvrages de Manon Fargetton, car son écriture est plus que plaisante et son regard tendre et humaniste m'a beaucoup plu.

 

Dix jours avant la fin du monde de Manon Fargetton, Folio SF, ISBN 978-2-07-293317-2, prix 8,20 €

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