Dix Âmes, pas plus
Una, jeune femme solitaire vivotant à Reykjavik, insatisfaite de sa vie, décide sur un coup de tête d’accepter un poste d’enseignante à l’autre bout de l’Islande, à Skálar exactement, un petit hameau ayant réellement existé selon les dires de l’auteur mais abandonné de longue date. S’y trouvent en tout et pour tout dix personnes, et deux enfants dont elle aura la charge. Malgré l’hostilité manifeste des habitants à son encontre, Una s’obstine et tente à tout prix de s’intégrer. Seule dans la chambre glaciale que lui loue une des résidentes, elle entend bientôt des voix, celle d’une petite fille disparue. Lorsque survient un drame, une mort aussi violente qu’imprévue, Una réalise que le village se referme sur lui-même, comme pour taire les secrets honteux que personne ne souhaite mettre au grand jour.
J’avoue que sur papier, l’intrigue ainsi résumée avait de quoi enthousiasmer, d’autant plus que j’avais déjà eu l’occasion de lire un roman de Jonasson et que j’avais apprécié le style lent propre à beaucoup d’auteurs nordiques. Hélas ! Cette fois je n’ai pas été convaincu. Là où j’espérais un formidable huis-clos dans le froid et le silence, je n’ai assisté qu’à des errances d’une jeune femme assez vite exaspérante, au comportement de midinette lorsqu’elle tombe amoureuse du beau ténébreux Thor, terriblement cliché. Si l’introduction d’une petite pointe de fantastique avec cette mystérieuse fillette qui déclame des poèmes rehausse l’ensemble, comme la conclusion avec un rebondissement assez inattendu, j’ai déjà vu l’auteur plus inspiré.
Visiblement enthousiaste, le Times n’hésite pas à poser la question s’il s’agit le plus grand auteur de romans policiers de notre époque. Pour ma part, je ne pense pas que ce soit avec ce roman, certes très bien écrit, mais qui me laisse cette impression de regret que l’auteur est un peu passé à côté de son sujet.
Ragnar Jonasson - Dix âmes, pas plus - Editions de la Martinière Noir