Des œillets pour Antigone

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Amoureuse du Portugal - et elle n’est pas la seule -, et du souvenir de la Révolution des œillets qui a refait du Portugal un des phares de l’Europe (je dis bien REfait, lire Victor Hugo), Charlotte Bousquet nous livre ici une histoire de malédiction, ou de fantôme vengeur, traitée en trois récits mélangés, celui de la mort d’Alma, une jeune Portugaise tuée en 1971, trois ans avant la Révolution, celui des derniers jours de Sabine, la nièce d’Alma, qui s’est suicidée en 1986 à cause de la hantise liée à un médaillon, et celui de l’enquête que mène cinq ans plus tard Luzia, la sœur de Sabine, sur ces deux morts. Le procédé des récits entrecroisés est devenu une sorte de truc systématique, souvent inutile et mal géré, et même si le roman évite les pires erreurs et si le découpage en trois récits chronologiques ferait perdre beaucoup, il reste parfois pénible à lire. D’autant plus qu’il y a un autre thème, indépendant de l’histoire principale, et que les deux autres récits affaiblissent quelque peu : le combat contre le SIDA de l’ami de Luzia. Par contre il est deux personnages dont la construction du roman accroît l’intérêt et que le lecteur découvre, ce sont les deux frères d’Alma, le père de Luzia et de Sabine et leur oncle. Une autre construction du roman ne les aurait pas autant mis en évidence.

 

Il y a donc dans ce roman un rappel de ce qu’a été le Portugal de la fin de la dictature, celle de Caetano après Salazar. Paradoxalement, il n’est pas vraiment expliqué la divine surprise de 1974, la Révolution des œillets, évoqués dans le titre et la postface. Et qui, tant pour moi que pour Charlotte Bousquet, sont un des motifs de notre amour du Portugal.

 

Et il y a une évocation des « années SIDA », qui sont aussi un souvenir important de tous ceux qui les ont vécues. N’oublions pas que le roman s’adresse à des jeunes nés au moins dix ans plus tard.

Antigone est aussi une référence importante, il est bon qu’elle soit évoquée, invoquée ici.

Un roman qui, bien que publié pour les « jeunes adultes », mérite de faire réfléchir les plus âgés, ceux qui ont connu les périodes évoquées.

 

Des œillets pour Antigone de Charlotte Bousquet, Scrinéo, 2020, 346 p., couverture Djohr, 17,9€, ISBN 978-2-38740-836-1

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