Dernière fois que nous avons été des enfants (La)
1943. Les Allemands occupent Rome. Italo, Cosimo, Vanda et Riccardo ont dix ans et bravent le couvre-feu pour aller jouer dans une grande cour d'immeuble. Mais un soir, Riccardo ne vient pas. Ni le lendemain, ni le surlendemain. Ce 16 octobre, le ghetto de Rome a été raflé et tous ses habitants, dont plus de cinquante enfants, ont été envoyés dans les camps de la mort. Nos petits mousquetaires, qui étaient quatre et ne sont désormais plus que trois, ne peuvent même pas imaginer cette réalité-là. Pour eux, il y a erreur. Alors ils partent, à pied, en suivant les rails de chemin de fer, à la recherche d'un camp (de vacances ? d'entraînement ?) qui ne doit pas être bien loin, avec un objectif en tête : libérer Riccardo.
J'ai dévoré ce court roman poignant, d'une beauté terrible, compte tenu du sujet.
À dix ans, on est assez grand pour beaucoup de choses : répéter sans les comprendre les propos des adultes, savoir ce que l'on veut faire plus tard, avoir conscience des injustices. Mais on est encore trop petit pour peser d'une quelconque façon sur la réalité.
Pourtant, Italo, Cosimo et Vanda décident de ne pas laisser l'horrible monde des adultes leur arracher l'espoir de retrouver leur copain. Riccardo est le ciment qui lie leur groupe, celui qui rend possible leur amitié, celui qui a su les accepter tels qu'ils sont. Bien sûr que les trois autres vont tenter tout ce qui est en leur pouvoir pour le ramener ! Avec des bribes d'informations et un peu de ressources, les voilà partis.
Voyage initiatique à la croisée de Stand by me et de La vie est belle de Benigni, La dernière fois que nous avons été des enfants saisit par sa langue poétique et douce, aux antipodes des faits relatés, et par sa tendresse évidente pour le monde de l'enfance.
Qu'il s'agisse d'Italo et de son complexe d'infériorité vis-à-vis d'un frère aîné idolâtré, de Cosimo et de sa vie familiale triste ou de Vanda et ses rêves de famille, aucun n'est armé pour l'effroyable réalité du fascisme et de la guerre.
Fil conducteur de leur errance, la voie ferrée file droit devant, indifférente aux drames qui se jouent. Plus ils avancent et plus il leur est difficile de s'accrocher à leur innocence et à leur enfance. Et plus les adultes qui les pistent révèlent leur incapacité à les protéger.
Alors, certes, ce sera la dernière fois qu'ils seront des enfants. En deviendront-ils pour autant des adultes ? Je vous laisse le découvrir...
La dernière fois que nous avons été des enfants de Fabio Bartolomei, J'ai Lu, ISBN 978-2-290-40746-2, 8,20 €