Défaillances systèmes, Journal d’un AssaSynth T1

Le thème des sentiments d’un androïde est loin d’être nouveau, et même l’idée de prendre cet androïde comme narrateur a déjà été rebattu. Quant au cadre du récit, un univers où les Grandes Compagnies contrôlent la conquête interstellaire et où quelques petites entités politiques indépendantes survivent tant bien que mal, il n’est pas lui non plus original.

Pourquoi cette série de quatre romans de Martha Wells a-t-elle obtenu un tel succès, et un prix Hugo ? Parce que l’écriture de l’auteur, riche de sensibilité « féminine », a séduit ? Parce que son androïde, particulièrement invraisemblable rationnellement, est apparu plus « vraisemblable » et plus sympathique que d’autres ?

Ceci étant, le roman, de type « policier noir », est parfaitement construit.

Nous y apprenons que le narrateur, celui qui se désigne et qualifie ses semblables sous le nom AssaSynth quand leur nom officiel est SecUnit, Unité de Sécurité, a réussi à hacker son propre système de contrôle et entend néanmoins conserver son rôle de protecteur de ses clients, l’expédition de recherche sur une planète nouvelle à laquelle il a été attaché. Sauf que ceux-ci sont attaqués par un ennemi inconnu et qu’AssaSynth va devoir les protéger, y compris contre une éventuelle prise en main de ses propres systèmes par l’ennemi...

Bref, un roman noir galactique assez standard. Où intervient, de façon constante, la nécessité pour le narrateur de choisir son camp alors même qu’il ne ressent aucune sympathie pour aucun humain...

Bien entendu, le roman n’est que le premier d’une série dont j’attends de lire la suite.

Est-il encore besoin de rappeler que, comme dans tout autre roman, les personnages, tant humains que l’androïde, sont l’expression des pensées de l’auteur, dans un monde créé par celui-ci et dont il décide des règles ? Un monde dans lequel nous aimerions vivre, moins incohérent que notre réalité et que nous aimons découvrir à travers le récit du narrateur...

Défaillances Systèmes, Journal d’un AssaSynth T1, de Martha Wells, traduit par Mathilde Montier, L’Atalante, coll. La Dentelle du Cygne, 2019, 122 p., couverture de Pierre Bourgerie, ISBN 978-2- 84172-899-2