De 2015 à 2016 avec Christophe Corthouts

L’Imaginaire, de tous temps, a permis aux femmes et aux hommes d’affronter les pires catastrophes, d’appréhender un monde inexplicable ou encore de s’évader dans des univers où la balance cosmique, la justice, l’équilibre penchent souvent du bon côté.

Je ne reviendrai pas sur les événements réels qui ont secoué 2015, d’autres le font bien mieux que moi… même si parfois j’ai la sale impression que d’aucuns utilisent les mécaniques de la fiction pour entretenir une atmosphère qui n’a plus de commune mesure avec la réalité… oubliant par là leur rôle de diffuseur d’informations pour devenir des pourvoyeurs de peurs, des vendeurs d’irrationnels, des raconteurs d’histoires. Désolés, les gars, mais chacun son boulot. Non ?

 

Mais revenons à nos moutons…

2015 fut une fois encore l’occasion pour moi de lire plus de 90 bouquins, de voir près d’une cinquantaine de films… et d’en revoir quelques autres, d’écouter de la musique, de m’user un peu les pouces sur quelques jeux vidéos ou encore de coucher sur papier quelques unes des nombreuses idées qui me traversent la caboche chaque jour.

Du côté des bouquins, j’y suis revenu plusieurs fois sur mon blog et j’y reviendrai sans doute dans les années à venir, je suis très heureux d’avoir découvert Chuck Wendig. La production de ce monstre d’écriture est pléthorique… Et il y a de fortes chances pour que son nom n’arrive jamais tout en haut des listes de best-sellers francophones… parce qu’il se développe peu à peu aux US dans un nouvel écosystème né de l’auto-publication, du circuit des conventions et des liens très solides qui unissent les auteurs de la sphère SF. Wendig a ainsi décroché un job de rêve, puisqu’il est aux commandes d’une trilogie de roman qui se déroule dans l’univers Star Wars et entame le « pont » narratif entre Le retour du Jedi et Le réveil de la Force.

Tant que nous sommes dans une galaxie lointaine, écartons immédiatement LE sujet imaginaire de la fin 2015, avec la sortie de l’ épisode VII et la réaction, proprement extraordinaire du fandom et du public. A l’heure où je tape ces lignes, le film approche déjà du milliard de dollars de recettes, à peine une semaine après sa sortie… Tout simplement bluffant. Des critiques se sont élevées, de ci, de là, pour pointer la trop grande référence de J.J. Abrams envers les épisodes « originaux », mais un constat s’impose : Abrams a réussi un très bon film, qui peut être abordé, avec le même bonheur, par les fans de la première heure et par les nouveaux spectateurs. Des défauts subsistent, mais que celui qui pense que les six films pilotés par George Lucas en sont exempts retire la paire de lunettes « nostalgique » qu’il porte sur le nez !

Restons au cinéma pour revenir quelques instants sur l’univers Marvel, qui a vu à la fois Avengers Age of Ultron remplir le contrat attendu, mais surtout Ant-Man faire le pari d’un long métrage plus « personnel », avec de bonne tranche d’humour et surtout une histoire resserrée, très proche de celle du premier Iron Man. Une respiration bienvenue au sein d’un univers où chaque long métrage semble remettre dans la balance le destin de l’univers tout entier !

Toujours sur grand écran, une injustice totale, a repoussé TomorrowLand de Brad Bird dans de sombres profondeurs. Dommage ! Avec un scénario original, inspirée des travaux de Walt Disney sur une « cité du futur et des inventeurs », ce divertissement de haute volée se paie également le luxe d’une réflexion sur l’état de notre société où seule la peur semble avoir droit de cité… Au point de conditionner toutes nos créations… réelles ou fictives.

Difficile enfin de passer à côté de la claque visuelle et formelle assénée par George Miller avec Mad Max : Fury Road. Pur objet cinématographique, cette ode aux images repose sur un scénario minimaliste, mais dont tous les enjeux, ou presque, passent par la maestria visuelle du réalisateur.

Refermée cette parenthèse consacrée au cinéma… Où j’aurais pu encore évoquer un Mission : Impossible en grande forme, un 4 Fantastiques à demi raté, un James Bond écartelé ou encore un Pixar parmi les meilleurs… et revenons quelque peu à la littérature…

 

Le Block 46 de Johana Gustawsson est parvenu, sur le fil, à s’extirper, cette année, de la masse des thrillers formatés qui déboulent entre janvier et décembre, chez quasi tous les éditeurs. Le filon semble inépuisable… mais la plupart des romans aujourd’hui me tombent des mains après une cinquantaine de pages. Soit parce qu’ils ressemblent à des scénarios de film à peine épaissi… soit parce que les auteurs décident, d’un commun accord avec eux-mêmes, que les amateurs de thriller n’ont rien compris. Ces auteurs choisissent donc par des moyens aussi divers que stupides, de révolutionner le genre… Depuis l’écriture inutilement chiadée, aux personnages tellement ennuyeux que l’on en vient à souhaiter leur mort, l’éventail des tentatives pour renouveler le genre est quasi sans fin. Reste que trop souvent, tous ces petits génies oublient l’essentiel. Le thriller, le polar, l’imaginaire RACONTENT une HISTOIRE. Ce qui peut paraître simple… mais semble inaccessible à nombre d’entre eux. Et non, n’insistez pas, je ne donnerai pas de nom !

 

Mes aventures livresques 2015 ont donc été traversées par de nombreux retour en arrière, sur des auteurs que j’avais ratés, des jeunes auteurs découverts via le web, ou encore des découvertes hasardeuses, au fil de la souris et du clavier. Quelques noms ? Olivier Norek, Todd Borg, Warren Ellis, Scott Mariani, Sébastien Gendron, Graham Masterton ou encore John D. McDonald.

Globalement, 2015 aura été une année en demi-teinte, faite de découvertes fascinantes, de déceptions régulières (souvent dans le chef d’auteurs que je lis depuis de nombreuses années…) et surtout d’observations dans un monde de l’Imaginaire (et plus largement de la culture) où les tendances ont beaucoup de mal à se dessiner. Voire, et c’est peut-être pire, où l’imagination à beaucoup de mal à se libérer, coincée qu’elle est sous la chape de plomb de plus en plus épaisse du politiquement correct, des réseaux sociaux qui désagrègent plus qu’ils ne fédèrent et une pesante tendance au premier degré qui gagne, chaque jour, un peu plus de terrain.

 

Si je n’avais qu’un seul souhait pour 2016 cela serait de voir tout ce petit monde se sortir la tête du nombril, oser rire de tout et surtout de lui-même et enfin comprendre que tout cela n’a pas d’importance !

Ajouter un commentaire