Lièvre de mon grand-père (Le)

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Procrit politique, l’auteur des Trois mousquetaires passe son exil entre 1852 et 1854 dans ’cette bonne ville de Bruxelles’ comme il dit. Mais il laisse planer le doute quant à l’auteur du texte. Dans son introduction, Dumas annonce, plein d’humour : « Car, vous le savez, cher lecteur, il est connu (des biographes bien entendu) que je n’ai pas fait un seul de mes douze cents volumes ». En effet, chacun sait qu’il disposait d’une armée de nègres, d’un studio, comme on dirait aujourd’hui. Pour ce récit fantastique, rédigé à Bruxelles, il en fait endosser la paternité à un de ses amis, venant lui raconter une histoire entendue lors d’une partie de chasse à laquelle Dumas n’a pas pu assister, faute de temps. L’ami en question contemple, après une veillée bien arrosée, un tableau représentant entre autres, un homme terrorisé, poursuivi par un lièvre gigantesque. Et voici l’histoire. Riche apothicaire de Theux (bourgade wallonne), Jérôme Palan n’a qu’une passion : la chasse. Entraîné un jour à braconner sur les terres du Prince-Evêque de Liège, il se fait prendre, après que son pire ennemi ait tué ses meilleurs chiens. Fou de rage, sorti de prison, il n’a de cesse que de poursuivre l’’assassin’, puis de le tuer à son tour. Mais, à sa plus grande terreur, il voit sur le cadavre trôner un lièvre énorme, témoin du meurtre, et qui semble le narguer. Toute sa vie, dorénavant, sera consacrée à la poursuite de l’animal fantôme, et il en perdra famille, fortune et raison. Lorsque enfin, le lièvre maléfique sera occis, ce sera pour revenir le hanter de plus belle. La fin du récit basculera dans l’horreur. Le volume est complété par une petite nouvelle antérieure, Les Chasses du Comte de Foix, relatant la poursuite par le célèbre Gaston Phébus d’une laie toute aussi fantômatique et cruelle.

Comme tout roman de Dumas, ce livre se lit avec passion, et l’on admirera son sens infaillible de la narration. On savait, depuis longtemps, qu’Alexandre Dumas excellait dans le genre fantastique, même si ce n’est pas la facette la plus connue de son talent. En voici un nouvel exemple à savourer sans modération. Préface intelligente et historique du regretté Francis Lacassin.

Alexandre DUMAS, Le Lièvre de mon grand-père, Editions Groupe Privat / Le Rocher 2008, coll. ’Motifs’ n°322, couverture de Petrossian/Mazaud/Perchey, 188 p.

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