Salammbô intégrale

Sloane est un voyageur intergalactique. Avec sa bande de mercenaires, il pille les mondes qu’il rencontre et repart de plus belle à bord de son vaisseau « La griffe d’argent ».

Dernièrement, le voyage semble interminable. Aucun univers à explorer, aucun empire à envahir, juste les étoiles dans l’infini cosmos. Lorsque soudain, l’incroyable surgit sur les écrans de contrôle. Un empire tout entier, baigné par une étoile gigantesque et magnifique, s’étend devant « La griffe d’argent ». Sloane bondit vers son télescope surdimensionnel pour apercevoir une mystérieuse planète. Il s’approche un peu plus, et là... au cœur d’une cité majestueuse... comme sortie d’un rêve, une femme à la beauté incomparable s’épand devant ses yeux sublimés.

Poussé par une fougue incontrôlable, Sloane tue son équipage, puis il enfourche sa moto spatiale, direction Carthage, temple et prison de la jeune Salammbô !

Tout droit tiré du roman de Gustave Flaubert, cette bd est à la fois une inspiration et un hommage de Philippe Druillet. Les amateurs de l’artiste se réjouiront de voir ce monument de la bd sortir sous forme d’intégrale. Celle-ci étant agrémentée de quelques petits textes expliquant l’approche de Druillet à travers l’œuvre de Flaubert. Pour les autres, les comme moi, qui étaient trop jeunes pour découvrir la sortie de cette bd dans les années 1980, cette réédition est l’occasion de voir combien la liberté spirituelle et érotique de l’après 70’s imprègne la bande dessinée de Druillet.

Nous sommes là dans un space opera de grande envergure, peuplé de batailles titanesques. Quinze milles barbares contre treize milles Carthaginois. Des hordes d’éléphants écrasant, perforant de leurs défenses, éventrant, se ruant au combat. Des armées entières mises à mal par la tactique et le courage. Au dessin, cela donne des créatures hautes comme des buildings, des êtres mi-antiques mi-futuristes armés de canons lasers face à des murailles sans limites et de lances pour faucher les crânes. Tout est dans la démesure. Une seule case dessinée par Druillet équivaut à un tableau de David tellement il y a de détails et de grandiose. Même si, je l’avoue, le sujet n’a rien à voir (rires).

En effet, Flaubert était un libéré de son époque. Idem pour Druillet. Ce qui explique la part d’exotisme et d’érotisme de « Salammbô ». Par exemple, chaque obélisque de Carthage est un phallus dirigé vers une entrée du temple central. Ce même temple étant la matérialisation de la déesse-mère que d’aucun n’a le droit de pénétrer sauf les prêtres fanatiques. Salammbô est elle-même la personnification de la déesse. Elle est Carthage, elle est Tanit, la sensuelle africaine, la désirable insoumise, la vierge malgré les conquêtes. Pourtant, un homme parviendra à lui voler son voile. Cet homme c’est Sloane, rebaptisé Matho tel le héros lybien de la Première guerre Punique en 247 avant Jésus-Christ. Car chez Druillet, l’Antiquité est une base, la Science-Fiction une passion et la Femme une fascination.

Disponible en complément : Salammbô – Les Nus. Un ensemble de peintures réalisées par Druillet et associées aux textes de Flaubert.

http://www.drugstorebd.com/bd/salammbo-les-nus-9782723478441.htm

Titre : Salammbô - L’intégrale

Scénario et dessins : DRUILLET Philippe

D’après l’œuvre de Gustave Flaubert

Editeur : Glénat - Drugstore

Nbre de pages : environ 100

Date de sortie : novembre 2010