Vol des faucons (Le)
Il s’agit d’un voyage dans le futur assorti d’une dystopie et satire politique : le héros, Damon, va découvrir à son arrivée 50 ans plus tard que ce que lui montrent les responsables des « Etats-Unis du Monde » qui l’ont accueilli et qui sont, ô surprise, les descendants directs des responsables américains qui l’ont envoyé (certains portent des noms déjà connus, d’autres des noms parodiques comme Courteous ou Wolfish). Échappant à ses hôtes géoliers, il rentre en contact avec un des derniers groupes de résistance contre le pouvoir oligarchique qui s’est installé. Ceux-ci parviendront-ils à lui faire rapporter à son présent la vérité, et la révélation des mensonges permettra-t-elle de reverser les tyrans ? Si certains épisodes du récit semblent caricaturaux ou naïfs, si l’épilogue nous annonce en quelques lignes le redressement de millénaires d’erreurs et de tromperies (bon, ce n’est qu’un épilogue), la construction générale du roman, classique, le style courant malgré un léger excès de volonté d’afficher un vocabulaire riche qui produit des approximations dans l’emploi de certains mots, rendent ce roman très agréable à lire et intéressant.
Il s’agit d’une œuvre à volonté politique : certains reproches sonnent juste, d’autres semblent teintés de caricature (quoique, par moment, en regardant l’actualité, on puisse se demander si certains hommes politiques ne sont pas eux-mêmes des caricatures des caricatures de la presse). Elle incite à réfléchir, ne prétend pas déverser dans la tête du lecteur une vérité divine, c’est donc un vrai livre de « fiction spéculative » comme l’aimait Robert Heinlein.
Pierre-Emmanuel Desseyres, Les vol des faucons, illustration Yves-Noël Billy, 212 p., Éditions Libertaires, collection Nos futurs.