Autre (L')

Membre de la Ligue de l’Imaginaire, Olivier Descosse s’était illustré depuis le début des années 2000 avec une série de polars sombres, solidement charpentés, dans la mouvance amorcée par Jean Christophe Grangé. Silencieux depuis près de quatre ans et La spirale des abysses, Descosse revient chez un nouvel éditeur… en quête d’un lectorat que l’on devine totalement différent.

L’autre raconte l’histoire de Julien Ducat, jeune pilote qui, au soir de sa réussite, absorbe par accident un timbre de LSD. Mauvais trip, vision étrange, Ducat se réveille après quelques jours d’absence et décroche son premier job de pilote privé pour une compagnie qui se spécialise dans les clients riches et exigeants. Lors d’une soirée rock’n’roll chez une actrice hollywoodienne, Julien subit une « out of body experience » et rencontre, lors de son voyage, celle qu’il pense être la femme de sa vie. Son seul moyen de retrouver cette mystérieuse Rose ? Maîtriser la technique de la « projection astrale ». Un apprentissage qui lui réservera bien des surprises…

Fini le côté sombre, fini les tueurs en série et les narrations complexes. Avec L’autre, Olivier Descosse décide de tenter sa chance sur les terres du mélodrame teinté de fantastique, quelque part entre Marc Levy (pour le côté aventure internationale, jet set, personnages typés et guide touristique) et « le voyage astral pour les Nuls ». Désolé d’avancer une comparaison aussi « bancale », mais tout professionnel qu’il soit, L’autre s’avère surtout d’un ennui et d’une banalité engluante. Qu’Olivier Descosse ait fait le choix d’un genre différent, pas question de le lui reprocher… Les têtes de gondoles débordent aujourd’hui de polars/thrillers à la sauce américaine et vouloir tenter sa chance dans une autre direction est tout à son honneur. L’efficacité de son écriture n’est elle, pas davantage prise en défaut. L’homme a de la bouteille et sait parfaitement comment mener un récit, dérouler le fil de son histoire et équilibrer dialogues et descriptions. Mais que tout cela soit mis au service d’une histoire au suspense inexistant, noyée de sentimentalisme ennuyeux et, pour couronner le tout, affublée d’une conclusion horriblement convenue et consensuelle, c’est voir un talent gâché sur l’autel d’on ne sait quelle formule acidulée, destinée à s’attirer un lectorat au mieux naïf, au pire bien peu exigeant.

Attendu sur le terrain sombre du polar, Descosse a décidé de surprendre son monde. C’est tout à son honneur. Mais il se contente ici de donner un grand coup d’épée dans l’eau, chef-coq d’une recette tiède où les éléments surnagent sans jamais offrir de saveur… Et finissent par se perdre dans un ronronnement proche de celui des avions pilotés par son héros.

Dommage. Vraiment, dommage.

L’autre d’Olivier Descosse, Éditions Delpierre