Aux anges

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Francis Dannemark nous revient avec « Aux anges », un roman toujours édité chez Laffont. Après l’excellent « Histoire d’Alice, qui ne pensait jamais à rien (et de tous ses maris, plus un) », on se demandait ce que Francis Dannemark allait nous concocter comme nouveau roman. Avec bonheur, on avait découvert Alice qui avait eu une vie extraordinaire et improbable.

Avec ce nouveau roman, Francis Dannemark revient à une trame plus classique, plus proche de « Au train où vont les choses à la fin d’un long hiver ». C’est-à-dire que ses personnages principaux se rencontrent et vont se remémorer les années écoulées, voire dévoiler les différents événements qui ont émaillé leurs vies respectives pendant cette longue absence. Mais ce n’est pas aussi simple que cela. L’auteur a décidé de perturber le lecteur en faisant découvrir un personnage haut en couleurs en la personne de la comtesse Emilianna. Ce sont finalement les contretemps provoqués par les différents véhicules qui vont être le moteur de cette nouvelle histoire.


Au début, on découvre Pierre et Florian, deux amis d’adolescence qui se retrouvent après trente ans pour faire un long périple qui doit les mener en France. Dès le début, la voiture de Pierre est emboutie et oblige les deux amis à utiliser le vieux break de Florian. Voyage sans anicroche jusque quand ils découvrent un vieux van très coloré qui piquait du nez dans le fossé. À côté de celui-ci, une vieille dame. Pierre et Florian décident de l’aider et découvrent une comtesse italienne qui se nomme Emiliana di Castelcampo. Ils proposent de la raccompagner chez elle, tandis qu’elle les invite dans son château. Château qui est une vraie ménagerie dans laquelle les oiseaux, les chiens, les chats vivent à proximité d’un éléphant. C’est aussi l’occasion de découvrir les autres personnes qui vivent et travaillent au château. C’est d’ailleurs à ce moment précis que Naëlle et Simon, les deux personnages principaux de la trilogie de Véronique Biefnot font leur apparition dans ce roman.

Si les deux hommes sont contents de pouvoir loger au château et de reprendre leur route initiale le lendemain, il en va autrement lorsque la voiture s’enlise dans le marais, les obligeant à revenir au château.

Aux anges est un roman qui nous parle des étranges détours de la vie, de ces événements inattendus qui viennent subrepticement influencer notre existence et nous faire découvrir des personnes, des lieux ou des événements qu’on avait pas prévus au départ. Belle histoire qui met en valeur les sentiments, les rencontres et qui s’achève sur un classique Night and Day de Cole Porter.

C’est le troisième roman de Francis Dannemark que je lis, et trois autres livres m’attendent encore dans ma bibliothèque (Qu’il pleuve, Le grand jardin, La véritable vie amoureuse de mes amies en ce moment précis). En fait, c’est faux, je devrais dire que j’ai lu quatre romans… mais ça c’est une autre histoire !

J’ai décidé de lire les romans de Francis Dannemark à petite dose, c’est-à-dire de ne pas les enchainer les uns à la suite des autres. Car ses romans sont de vraies petites perles, des bonbons dont le gout acidulé reste bien longtemps après les avoir sucés et avalés. Pour mieux les apprécier, il faut les déguster comme s’il s’agissait d’un grand cru classé, et donc de les espacer dans le temps.

Francis Dannemark est un orfèvre de talent en littérature. La métaphore est en dessous de la vérité, car l’écrivain est aussi intéressant à voir et à entendre qu’à lire, et on retrouve chez lui toute cette verve, cet amusement, ce plaisir à raconter des histoires qui nous touchent beaucoup. On ne peut ignorer le poète qui se cache derrière le texte, et encore moins le romancier qui adore nous parler de femmes très originales. Et des femmes qui marquent les lecteurs, il y en a dans ses romans ! Aux anges ne fait pas exception avec Emilianna, cette vieille dame charmante et farfelue qu’on aimerait bien rencontrer un jour.

Dans ce dernier opus, Véronique Biefnot y a apporté une touche féminine non négligeable. Le roman fait d’ailleurs le lien avec « Là où la lumière se pose », le roman de Véronique Biefnot qui est sorti en même temps. On pourrait presque dire que les deux romans ont été écrits à quatre mains, bien qu’ils soient très différents l’un de l’autre. Mais ce cross-over est relativement rare en littérature. Il est plutôt familier des séries TV.

Pour les lecteurs qui liraient les deux romans (Là où la lumière se pose, Aux anges), je préconise de commencer par celui de Véronique Biefnot et de continuer par celui de Francis Dannemark. Cela permet de maintenir une certaine cohérence dans la ligne de temps. Bien sûr, c’est facultatif, mais il faut savoir que le premier roman commence plus tôt et que le second roman finit plus tard.

Aux anges rassurera les habitués aux livres de Francis Dannemark, tandis qu’il amusera les nouveaux lecteurs. À coup sûr un livre qui provoque une addiction et donnera envie d’attendre le prochain livre. À lire absolument.

Aux Anges, Francis Dannemark, éditions Laffont, 2014, 214 pages.

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