In Cloud we Trust

Pour commencer, ce livre n'a rien à faire dans la collection Thriller : il ne suit pas les codes du thriller, il ne comporte pas de scène ni de scénario angoissant. Sans doute a-t-on confondu car le qualificatif qui me vient en tête est « tragédie » : il raconte la marche lente et inéluctable du Destin qui va parachever la volonté suicidaire de l'humanité. Par l'intermédiaire d'un jeu vidéo, ou plutôt d'un système de réalités virtuelles. Dans un futur assez proche pour que le réchauffement n'ait pas encore complètement achevé la destruction de toute vie sur Terre, mais assez lointain pour que la vie humaine soit devenue infernale, les parcs de loisirs en réalité augmentée, gérés en grande partie par la société Siegwarz-Warner, sont devenus le seul refuge pour échapper à une réalité insupportable. Mais quand ces parcs se mettent à tuer ou à faire disparaître des visiteurs, une enquête est lancée. Ce que révèlera cette enquête – et comment va disparaître l'espèce humaine –, le lecteur le découvrira avec cet enquêteur, au fil de ses recherches et des événements.

Même si je trouve le procédé trop schématique, et que de nombreuses « interférences » et réactions non unanimes auraient dû ralentir l'action et son résultat, le schéma de cette tragédie (au sens ancien de manifestation du destin et de l'impuissance humaine) est une réussite.

Ce n'est pas un thriller, mais un excellent roman cyberpunk, tout à fait conforme à cette branche aujourd'hui considérée à tort comme morte.

In Cloud We Trust, de Frédéric Delmeulle, Mnémos Thriller, 2015, 271p, 19€, ISBN 978-2-35408-297-0