Cléa

Auteur / Scénariste: 

Rome. Le Vatican. En pleine messe de baptême, le pape Urbain XIV est soudainement évacué en urgence. Immédiatement, les appareils photo et les téléphones des témoins sont confisqués par les gardes du Vatican et toute trace de cette messe est effacée des registres. Que s’est-il réellement passé ? Qui est cette mystérieuse jeune fille blonde qui semble avoir provoqué la scène interdite ?Tandis que menaces et disparitions s’enchaînent, la police mène une enquête dangereuse. Le professeur en théologie Adrian Sandgate et la journaliste Sophia Farricelli plongent alors, malgré eux, dans les affaires secrètes du plus petit État du monde.Un nouveau vent souffle sur le christianisme. Pourra-t-il y résister ? Et à quel prix ? 

Que voilà un putain de bon bouquin ! si vous me permettez l’expression. Bah oui, moi je suis comme ça, quand je m’enflamme, j’ai tendance à devenir grossière. C’est mon caractère entier et sans réserve. Et là, il y a de quoi s’enflammer, je vous assure !

Frank Leduc et moi, c’est une histoire de cœur. De feeling. J’avais déjà énormément apprécié La mémoire du temps, mais là… là, je crois que je vais avoir du mal à trouver mes mots pour retranscrire tout ce que la lecture de Cléa m’a inspiré. D’aucuns parleraient de « coup de cœur », de « pépite », mais ce sont des expressions galvaudées que je n’emploie que rarement. Et puis c’est au-delà de ça. Alors je vais me répéter : c’est juste un p***** de bon bouquin que je ne suis pas près d’oublier ! Désolée, je n’ai pas trouvé mieux…

Tout d’abord, je voudrais rassurer ceux qui seraient d’emblée rebutés par le lieu ou le sujet – le Vatican, et donc le christianisme. Il n’y a aucune crainte à avoir de ce côté-là. En ce qui me concerne, c’est un sujet qui m’a toujours intéressée, mais je reconnais que ce n’est pas le cas de tout le monde. Alors j’ai voulu vérifier, en le prêtant à une amie qui tordait le nez à cette évocation, et elle l’a littéralement bouffé en deux jours. Plus vite que moi qui en ai mis trois. « Je n’aurais jamais cru que le sujet me plairait et que je me régalerais autant », voilà ce qu’elle m’en a dit. C’est normal : c’est intelligent, bien construit, vraiment bien foutu. L’auteur ne prend jamais parti et ne fait absolument pas preuve de manichéisme. Il propose une analyse et une réflexion abouties et argumentées, selon des axes différents et des convictions situées à l’opposé les unes des autres, sur un sujet qui divise et génère facilement la polémique : la spiritualité en général et le christianisme en particulier.

 

Intelligent, disais-je, et aussi très documenté – comme toujours dans l’œuvre de Frank Leduc –, ce qui ne nuit absolument pas à l’intrigue, bien au contraire ! La somme de recherches est une fois de plus fort impressionnante, ce qui ne laisse pas de me surprendre, croyez-moi. Je veux parler des recherches historiques, mais aussi théologiques, de celles qui concernent également la géographie des lieux, la vie quotidienne au Vatican, les habitudes et la sacro-sainte étiquette qui y perdure. Tout est pointu, enrichissant et détaillé, mais relativement vulgarisé, de manière à rendre la lecture accessible aux profanes comme aux réfractaires au sujet, sans perdre ni ennuyer quiconque.

Et puis c’est passionnant ! L’histoire, le contexte, le développement, les rebondissements, le suspense, tout, du début jusqu’à la fin, est mené de main de maître, tiré au cordeau, tissé implacablement et réussit une véritable prouesse littéraire – oserai-je parler de petit miracle ? – : faire d’un thriller psychologique qui se déroule au Vatican et parle essentiellement de religion un véritable accrolivre ! (c’est le mot choisi par la commission d’enrichissement de la langue française pour remplacer le terme anglais page-turner). Hormis le propos concernant les différences entre Dieu et l’Église, entre la foi et les croyances, on y débat de la crédibilité des Saintes Écritures, de pouvoir et de politique, d’enjeux personnels ou plus élevés, mais aussi de la place de la femme. L’occasion, pour l’auteur, de nous offrir, parmi des personnages bien campés, intéressants, tangibles et crédibles, de très beaux portraits féminins – ce qui ajoute à mon plaisir et à mon bonheur.

Quant au style, je l’avais déjà relevé lors de la lecture de La mémoire du temps, il répond également à mes exigences en matière de lecture. Parce que je ne sais pas me contenter d’une bonne histoire. Il faut que l’emballage me ravisse aussi. Et Frank écrit bien, très bien même. La plume est personnelle, incisive mais tout en finesse, se lit facilement et ne manque pas d’humour. Elle possède une vraie signature.

Comment ? Je n’ai pas trouvé un seul défaut à ce livre ? Eh bien non ! En même temps, s’il n’y en a pas, je ne vais pas non plus en inventer… Au fait, vous ai-je dit que j’étais complètement fan ? Vous ai-je dit que ce serait vraiment dommage que vous passiez à côté de cet excellent thriller psychologique, de ce p…, de ce « sacré » bouquin ? Que vous y perdriez beaucoup en omettant de vous intéresser de plus près aux romans de Frank Leduc ? Cet auteur ne va pas en rester là. Je suis convaincue qu’il mérite beaucoup plus et beaucoup mieux que la maison d’édition dans laquelle il est pour le moment, qui ne fait pas grand-chose d’autre qu’imprimer des livres, sans même prendre la peine de leur apporter une correction digne de ce nom. Le moment arrivera. Je le sais. Il ne peut en être autrement. En attendant, je me réjouis d’avoir encore Le chaînon manquant à déguster.

 

Parue sur Beltane (lit en) secret

 

Cléa, Frank Leduc, Nouveaux auteurs 2, 19,95 €

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