Chroniques de l’Empire Ntu, (Les), T1 Genèse et conquête

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Dans ce premier tome, Momi M’Buze plonge le lecteur au cœur de la naissance d’un empire d’inspiration négro-africaine dans toutes ses composantes cosmogoniques, philosophiques, spirituelles et politiques sous la lointaine influence du dieu-léopard pourpre Ayano, son prophète Egbélé et son disciple Follé Ras Wellé. Batailles épiques, rivalités dynastiques, complot de jeunes initiés avides de pouvoir, menace extérieure incarnée par le royaume septentrional de Voth rythment ce livre qui est un creuset parfaitement assimilé des différentes cultures de l’Afrique noire.

 

A la différence d’Imaro, le héros charismatique et tourmenté de Charles Robert Saunders, Les chroniques de l’Empire Ntu ne privilégient pas un personnel central, car il s’agit d’une vaste fresque épique mettant en scène différents protagonistes contribuant à l’édification de ce vaste Etat qui plonge ses références dans l’histoire Africaine pré-coloniale. L’auteur accorde une large place et un rôle de premier ordre aux personnages féminins, notamment aux guerrières Nkoza dont l’une d’entrée devient l’épouse de l’Empereur Sawatti puis une régente énergique. A la fin du récit, Momi M’Buze met en valeur des traditions guerrières incarnées par des souveraines combattantes comme la reine Anna Zinga luttant contre l’expansion portugaise en Angola, Seh-Dong-Hong-beh, chef des Minos (amazones) du Dahomey, Sarraounia résistante à la colonisation du Niger. Ainsi, Kesha, une des héroïnes, se mue au fil de cette épopée en garante de la légitimité impériale contre le coup d’état perpétré par de jeunes princes ambitieux et arrivistes.

 

Dans un entretien, Momi M’Buze affirme que, s’il apprécie le « Seigneur des Anneaux » de Tolkien ainsi que le Cycle du « Trône de fer » de Georges R. Martin, il déplore néanmoins l’absence de l’imaginaire africain dans la Fantasy. Ce manque l’a incité à se lancer dans l’écriture de ce vaste univers inspiré de l’Afrique noire médiévale pour offrir aux lecteurs Noirs, Africains ou de la diaspora des Amériques, un imaginaire à leur image. Je rapproche la démarche de Momi M’Buze de celle de Charles Robert Saunders dans les années 1970, époque où il créa Imaro le guerrier Ilyassaï. Le premier auteur situe sa démarche dans « l’imaginaire fantastique africain » tandis que le second a posé les bases d’un nouveau genre de la Fantasy épique, la Sword and soul pour introduire dans la littérature de l’imaginaire Nord-Américaine un imaginaire africain. Comme son illustre précurseur, Momi M’Buze insuffle un souffle épique et mystique à son oeuvre, où il sait concilier une démarche engagée avec une maîtrise de la narration, le tout sans être didactique et lourd. En effet des thèmes comme la traite négrière désignée sous le terme de « yovodah », ainsi que la manipulation des ambitions par une puissance extérieure, sont abordés dans ce récit. Enfin, par le biais du trône du léopard pourpre des empereurs, il est fait référence au trône d’or du fondateur de la confédération Ashantie, Osseï Tutu. Comme son modèle historique, il est le symbole mystique du pouvoir et confère pleine puissance à l’empereur.

 

Pour conclure, Les chroniques de l’Empire NTU appartiennent à cette catégorie d’ouvrage que le lecteur referme avec regret. Momi M’Buze est un auteur à découvrir.

Les chroniques de l’Empire Ntu, T1 genèse et conquête par Momi M’Buze, Éditions B.O.D (Book On Demand ), octobre 2013

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