Chien de guerre et la douleur du monde (Le)
L’histoire se passe en 1648, quand l’Allemagne est à feu et à sang du fait de la Guerre de Sept Ans. Ulrich von Bek est un capitaine de mercenaires qui, après le massacre de Magdebourg et au moment où la peste se répand dans le pays, abandonne ses propres troupes et cherche un endroit calme et sain. Il va découvrir un curieux château au milieu d’une forêt sans vie et y rencontrer Lucifer, l’Ange déchu, qui lui propose un étrange marché : si von Bek lui apporte le Graal qui devrait soigner la douleur du monde, lui, Lucifer, obtiendra le pardon de Dieu et libérera von Bek
de sa damnation déjà certaine. Mais cette quête, qui emmènera von Bek dans des Marches hors du monde réel comme de l’Enfer, va être longue et difficile, d’autant plus que certains, damnés et démons, vont s’y opposer.
Ce récit, que Moorcock a replacé ensuite dans le multivers comme un épisode de la quête du Guerrier éternel (dont Elric, Corum, Jhered et d’autres sont différentes incarnations), rappelle quelque peu par son cadre Le diable et le bon Dieu de Sartre. Il est d’abord une réflexion sur la religion même si, d’une part, Dieu n’y intervient pas du tout et si le héros, Ulrich von Bek, est d’abord un profond sceptique qui, même après sa rencontre avec Lucifer et sa visite de l’Enfer, ne croit ni à Dieu ni au Diable... et incarne donc bien l’auteur du roman...
Est-ce de la science-fiction ou du fantastique ? Dans les deux cas, c’est bien de la fiction spéculative, une réflexion sur le monde et l’existence ou non du surnaturel...
Le chien de guerre et la douleur du monde de Michael Moorcock, traduit par Henri-Luc Planchat, L’Atalante, réédition en 2024, 235 p., couverture de Pierre Serret, 17,5€, ISBN 979-1-036-00171-0