Chefs-d'oeuvre du Fantastique de E.T.A. Hoffmann à Stephen King
Voici l’équivalent ‘fantastique’ de La Grande Anthologie de la Fantasy de Marc Duveau, publiée dans la même collection Omnibus en 2003. Tout aussi fiable, tout aussi exhaustif.
Après une préface signée Joël Malrieu, s’attaquant à la définition du genre, ni plus ou moins définitive que les autres, mais bien cadrée, l’ouvrage survole le Fantastique en 33 textes excellemment choisis.
La thématique est articulée en sept axes : Le Diable et les sorcières, L’Ange de la Mort, Ni morts ni vivants, Bêtes et monstres, Clans et villages, Labyrinthes de la modernité, et Rêves et délires.
En ce qui concerne le fonds historique, nous avons de grands ‘tubes’ tels Viy de Gogol, Peter Rugg le disparu de William Austin, Le signaleur de Dickens, La chute de la maison Usher de Poe, La morte amoureuse du bon Théophile Gautier, Le Horla de Maupassant, Lokis de Mérimée, L’étonnante histoire de Peter Schlemihl de Chamisso, La métamorphose de Kafka ou Le marchand de sable d’Hoffmann.
Il est bon de se retremper dans ces classiques incontournables. On en a tant entendu parler : les voici enfin offerts. Certains récits frôlent la science-fiction comme la célèbre et terrifiante Faux de Bradbury, Le cauchemar d’Innsmouth de Lovecraft, la curieuse Loterie de Shirley Jackson, L’œil et le doigt de Donald Wandrei, ou l’inoubliable Escamotage de Richard Matheson.
Parmi les textes un peu oubliés mais remarquables d’évocation atmosphériques, j’épingle avant tout l’éblouissante Gradiva de Wilhelm Jensen, fantasmagorie pompéienne des plus troublantes, ou l’acerbe Comment l’amour s’imposa au professeur Guildea de Robert Hitchens. Côté horreur, La bête à cinq doigts de William Harvey ou, surtout, Le radeau, de Stephen King, raviront les amateurs. Quant aux Belges, ils seront heureux de l’inclusion du chef-d’œuvre de leur grand auteur Jean Ray, avec son immortelle Ruelle ténébreuse. En résumé, une anthologie quasi idéale (j’aurais préféré La Vénus d’Ille à Lokis, de Mérimée, par exemple) pour appréhender un genre littéraire capital.
Le Fantastique pur est en effet, à l’heure actuelle, un peu occulté par la Fantasy. Il était bon de remettre les pendules à l’heure, et de republier des textes essentiels, enfin resoumis à l’admiration de lecteurs peut-être un peu oublieux d’une tradition exemplaire.
Chefs-d’œuvre du Fantastique, de E.T.A. Hoffmann à Stephen King, réunis par Jacques Goimard, Omnibus 2007, 1124 p., 25€