Celle qui a tous les dons

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Comme le début du livre le rappelle, Celle qui a tous les dons est une traduction du nom de Pandore. Et l’héroïne et narratrice principale, Mélanie, aurait voulu s’appeler Pandore. Enfermée dans un orphelinat militaire, elle est, avec une trentaine d’autres enfants, soumise à un régime très particulier d’enseignement puisqu’elle n’est extraite de sa cellule et emmenée aux différents professeurs qu’attachée sur un fauteuil roulant. On comprend assez vite que nous sommes dans un monde post-catastrophiste, où un virus a transformé presque toute la population britannique (de ce qui se passe dans le reste du monde, le roman ne nous donnera aucune indication) en « affams », quasi-zombies, marionnettes dirigées par une espèce de champignon qui contrôle leurs cerveaux en attendant de se reproduire par sporulation. Sauf que, si le champignon se laisse transmettre par les fluides corporels, sang, salive, les spores ne se répandent pas.

 

L’histoire elle-même, la découverte du monde extérieur par Mélanie après que la Base où elle était détenue ait été détruite par les cureurs, survivalistes fous, et que quelques survivants essayent de rejoindre Beacon, le dernier village humain de l’île, et sa prise de conscience des réalités de ce monde post-catastrophiste et du seul espoir qui reste à ses semblables, les enfants partiellement infectés mais néanmoins dotés de conscience, est intéressante. Sans aucun doute pourrait-on trouver l’intelligence de Mélanie exagérée, compte tenu de son éducation lacunaire. Et les explications scientifiques sur la biologie du champignon et l’effet de l’infection pour le moins fantaisistes. En fait l’auteur a besoin d’une certaine mécanique de l’histoire et adapte donc l’explication au scénario. Sans oublier d’une certaine façon un « dessein intelligent » de la part du champignon.

Bref une histoire que Larry Niven classerait dans la fantasy parascientifique.

 

Mais l’essentiel du roman est l’évolution mentale de l’héroïne, ainsi accessoirement que celles des autres personnages importants : le Sergent chargé de garder les enfants, le professeur biologiste Caroline Caldwell qui cherche le vaccin contre l’infection en autopsiant ses sujets d’expérience, les enfants de la Base, et l’enseignante Helen Justineau, qui s’est attachée à Mélanie...

Et l’histoire est captivante et angoissante à souhait. Il y a une autre histoire dans le même monde, La part du monstre, dont j’attends avec impatience l’occasion de la lire...

 

Celle qui a tous les dons, de M. R. Carey, traduit par Nathalie Mège, Livre de Poche n°34972, 2018, 521 p., 8€20, ISBN 978-2-253-08350-4

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