Celle qui pleurait sous l’eau
Aujourd’hui, Clara n’est plus qu’un dossier sur le bureau de Tomar Khan. On vient de la retrouver morte, flottant dans le magnifique bassin Art Déco d’une piscine parisienne. Le suicide paraît évident.
Tomar est prêt à fermer le dossier, d’autant qu’il est très préoccupé par une enquête qui le concerne et se resserre autour de lui. Mais Rhonda, son adjointe, peut comprendre pourquoi une jeune femme aussi lumineuse et passionnée en est venue à mettre fin à ses jours. Elle sent une présence derrière ce geste.
Pas après pas, Rhonda va remonter jusqu’à la source de la souffrance de Clara. Il lui faudra beaucoup de ténacité – et l’appui de Tomar – pour venir à bout de cette enquête bouleversante.
Troisième enquête de Tomar Khan pour Niko Takian ! Comparse de Franck Thilliez lorsqu’il s’agit de donner corps à Alex Hugo sur le petit écran, Takian est de ces auteurs dont l’efficacité a été forgée par une longue pratique de la bande dessinée, du scénario pour la petit comme pour le grand écran. Dans les romans de Takian on trouve rarement du « gras ». La narration file à l’essentiel et les actions, les dialogues, les personnages sont tendus comme des cordes de guitares… électriques. Le lecteur se trouve, dès les premières pages, attiré dans une sorte de spirale, une logique d’entraînement qui ne s’arrête qu’une fois le court roman refermé. En cela, Takian est le digne héritier de ces feuilletonistes, de ces auteurs de pulps, de ces défenseurs d’une littérature de divertissement populaire qui emplissaient les pages des romans de poche du milieu des années ‘50 jusqu’à la fin des années ‘90. Des auteurs qui ne cherchent pas l'esbroufe, mais tricotent la phrase juste, celle qui accroche le lecteur, raconte l’histoire et évoque des images percutantes. Des auteurs qui savent aussi que sous des dehors de « divertissement », ils peuvent aisément aborder des sujets forts, des questions de société, des problématiques qui font sens.
C’est le cas ici, dans ce roman qui aborde, avec justesse, les violences faites aux femmes. Takian n’oublie pas non plus, comme un certain Olivier Norek, de nous offrir des héros humains, traversés de doutes, meurtris dans leur chair et complexes.
Du bel ouvrage, que l’on se réjouit de voir revenir, avec régularité, sur les étagères de nos librairies.
Celle qui pleurait sous l’eau par Niko Takian, Editions Calmann Levy