Ce qu'elles disent

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Colonie mennonite de Molotschna, 2009. Alors que les hommes sont partis à la ville, huit femmes de tous âges tiennent une réunion secrète dans un grenier à foin. Depuis quatre ans, nombre d’entre elles sont retrouvées, à l’aube, inconscientes, rouées de coups et violées. Pour ces chrétiens baptistes qui vivent coupés du monde, l’explication est évidente : c’est l’œuvre du diable. Mais les femmes, elles, le savent : elles sont victimes de la folie des hommes.Elles ont quarante-huit heures pour reprendre leur destin en main. Quarante-huit heures pour parler de ce qu’elles ont vécu, et de ce qu’elles veulent désormais vivre.Au fil des pages de ce roman éblouissant qui retranscrit les minutes de leur assemblée, leurs questions, leur rage et leurs aspirations se révèlent être celles de toutes les femmes.

 

Ce roman est librement inspiré d’un terrible faits divers. Entre 2005 et 2009 dans une colonie mennonite de Bolivie, des femmes, des fillettes (3 ans pour la plus jeune) se réveillent meurtries, blessées, couvertes de bleus et de sang. Au départ elles pensent être agressées par des démons ou des fantômes voire par Dieu lui-même, leur reprochant des péchés inavoués. Il s’est avéré que ces pauvres victimes étaient droguées puis violées régulièrement par 8 hommes de leur propre communauté. L’emprisonnement de leurs bourreaux ne mit pas fin au calvaire de ces femmes qui eurent à subir de nouveaux viols par leur pères, frères, maris, amis.  

 

Dans ce roman, l’auteur imagine une réunion des victimes qui se donnent pour but de choisir la conduite à adopter pour répondre à ces crimes. Trois choix s’offrent à elles :

  • Ne rien faire
  • Rester et se battre
  • Partir

Comme ces femmes sont analphabètes et ne savent donc ni lire ni écrire, elles font appel à August Epp, un instituteur de leur congrégation qui devra retranscrire les débats dans un document qui tiendra lieu de procès-verbal.

Tout d’abord un petit rappel de ce que sont les Mennonites que l’on confond souvent avec les Amish dont, il est vrai, le mode de vie et les idées sont proches.

Les Mennonites sont des anabaptistes (qui refusent donc le baptême des nouveau-nés et le réservent aux adultes en âge de choisir leur foi), dont le mouvement est apparu au XVIe siècle. Ces congrégations ont bien des façons de pratiquer leur religion mais les plus rigoureuses refusent toute forme de progrès, les femmes n’ont pas accès à l’éducation, les garçons ne reçoivent quant à eux que quelques bribes de connaissances, tous parlent un dialecte allemand oublié et leurs tenues vestimentaires suivent des codes bien précis. Vivants simplement de la terre, ils n’ont ni véhicules motorisés, ni téléphone, ni accès aux médias. Le monde extérieur leur est parfaitement étranger et représente une menace permanente contre laquelle ils se protègent par la vie fermée en communauté. Ce sont des pacifistes qui refusent tout recourt à la violence et c’est bien en ça que cette histoire est la plus terrifiante.

Durant 2 jours, ces femmes se réunissent pour trancher sur leur avenir, 2 jours intenses en réflexion, en peurs larvées, en incertitude, en désaccord. Je ne révélerai bien sûr rien sur la décision finale.

Ce récit est plutôt austère, un peu comme le sont ces communautés, mais de savoir qu’il est basé sur une histoire réelle le rend poignant.

 

Ce qu’elles disent par Miriam Toews aux éditions J’ai Lu ,ISBN 97822902250977,90€ 

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