Terres creuses (Les)

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Non, heureusement, la race des Pierre Versins ou des Jacques Van Herp n’est pas morte !

Voici un pavé digne de certaine Encyclopédie ou de certain Panorama. Jugez-en : 800 pages uniquement sur le thème de la terre creuse ! Faut-il être fou ? Oui, nos deux auteurs le sont, et pour notre plus grand bonheur. Des ouvrages pareils réconcilient avec l’intelligence. Non, il ne faut pas désespérer de l’Homme. Il est toujours présent, et témoigne de sa plus haute qualité : la curiosité. Approchons donc ce monument avec respect : de quoi s’agit-il ? « Traité non moins utile que délectable », il aborde « la bibliographie géo-anthropologique commentée des mondes souterrains imaginaires et des récits spéléologiques conjecturaux ». Oh que feu le grand homme d’Yverdon eut apprécié ! Concrètement, il recense, en 2.211 entrées les ouvrages relatifs à la Terre creuse, de Platon et ses dialogues Timée et Critias jusqu’à La Mission céleste de Raymond Spinosi et Jean-Michel Raoux, paru en 2005.

Eblouissant ! Mais ardu, quand même. Ce n’est évidemment pas un livre à lire de A à Z, mais à feuilleter, à parcourir. A savourer. De Dante à Richard-Bessières, le trajet est immense. John Taine ou Jean de la Hire ? Gaston Leroux ou Bram Stoker ? Robert E. Howard ou René Barjavel ? Robert Sheckley ou Francis Valéry ? Robert Silverberg ou Serge Brussolo ? Les plus grands auteurs ont abordé le thème. Le choix est vaste, très vaste, et c’est merveilleux. Une fois ouvert, on n’arrête pas de compulser. Bien sûr, les pères fondateurs ne sont pas oubliés : Jules Vernes et son Voyage au Centre de la Terre et Edgar Rice Burroughs et son cycle de Pellucidar. Mais tant et tant de textes sont cités, 2.211 vous dis-je. Chacun y trouvera son bonheur, en fouinant à son aise. Je relisais par exemple l’entrée Georges Bordonove sur son beau roman paru en 1972 Les Atlantes(n° 1583), trop oublié de nos jours. Le grand Dick est bien sûr cité aussi pour La vérité avant-dernière (n° 1575), mais aussi ce cher Pierre Benoit, Umberto Eco, Bernard Werber ou Neil Gaiman. Les Belges se réjouiront de l’apparition du grand écrivain flamand Eddy C.Bertin (n° 1797) et bien sûr d’Henri Vernes, dont les Bob Morane sont, à juste titre, cités à plusieurs reprises. Chaque entrée comprend un résumé succinct de l’oeuvre, mais aussi les détails quant à sa parution. Outre ce corpus gigantesque, le volume est précédé d’une solide préface retraçant toute la théorie de la Terre creuse des Romains ou Descartes à nos jours, en n’omettant pas les dérives germaniques. In fine, le lecteur aura droit à deux essais copieux de Fabrice Tortey et de Serge Lehmann, ce dernier extrêmement dense, et dépassant le thème précis pour aboutir à une magistrale réflexion sur la science-fiction. Bibliographie commentée, index des auteurs et des oeuvres citées clôturent en beauté ce nouveau chef-d’oeuvre des Editions Encrage, réputées pour ses essais définitifs. Celui-ci en est l’un des plus curieux, mais des plus beaux.

Guy GOSTES et Joseph ALTAIRAC, Les Terres Creuses, ill. de couverture : Jean Tag, 800 p., Editions Encrage.

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