Okhéania T1 et T2

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Okhéania est une planète recouverte par un océan de feuilles. Et oui, vous avez bien entendu ! Des milliards de feuilles qui, portées par les vents, forment des vagues à perte de vue et parfois des tsunamis. C’est un tsunami auquel sont confrontés Jasper et Jon, en début d’histoire. Les deux garçons sont de jeunes surfers. Ils s’entrainent l’un l’autre pour aller toujours plus loin, lorsque la vague géante s’abat sur eux. A son réveil, Jasper est dans un navire militaire réquisitionné par l’Imperator en personne. L’imperator régne sur Okhéania. Il y a construit des palais sur les quelques ilôts existants et ses navires sillonnent le monde en quête de nouvelles ressources à s’approprier. Jasper est donc prisonnier de ce navire lancé à la recherche de la fille de l’Imperator disparue. Pire, il est accusé d’espionnage par Darianna, l’envoyée de l’Imperator. Pendant ce temps, c’est Jon qui s’éveille. Pour lui, le décor est tout autre. Une vaste forêt, sombre et véritable dédale d’arbres et de lianes. C’est la belle Tania qui lui fait découvrir les lieux, une jeune sauvageonne issue du peuple de la forêt.

Que je vous dise qu’il y a du rythme et de l’action ne vous étonnera pas. Corbeyran est connu pour savoir insuffler une dynamique à ses scénarios. Ici, il touche à la jeunesse et dans l’ensemble, c’est une réussite. Les jeunes surfers déjà, avec leur goût de la liberté. Les paysages, les décors et l’idée d’un océan de feuilles apportent leur lot d’exotisme. Mais ce qui attire le plus dans ce récit, ce sont les personnages. Deux filles, Hélénia, la fille de l’imperator, capricieuse, manipulatrice, orgueilleuse, autrement dit à l’image de ce père possessif qui l’a façonnée, et puis Tania, la jeune indigène dont le naturel parle à travers sa simplicité et sa joie de vivre. Face à elles, Jasper et Jon sont les deux amis de toujours. Le surf les unit. A travers ce sport, ils trouvent leurs différences et leurs points communs. Ce sont leurs différences qui rythment l’aventure. Jon est plus intrépide. Il ne se satisfait pas de ce qu’il a. On peut toujours aller plus loin, selon lui. C’est lui qui impose le changement et l’impulsion. Jasper est plus posé. Il se contente de ce qu’il a et s’émerveille d’un rien. Il calme le jeu.

Nous plongeant dans un univers steampunk-écolo, Corbeyran joue à merveille avec ces quatre enfants. De leur côté, les adultes servent à grossir les traits de ce qui dérange et fascine chez les adultes. Vous avez le choix entre un capitaine saoulard au bon coeur, une mercenaire carriériste, mais prisonnière de sa situation. Comme vous le devinerez, l’Imperator est le méchant dictateur par excellence et il ne laisse place à aucune émotion. Sa fille est son bien et ce qui lui importe est de récupérer ce bien. Au milieu de toutes ces péripéties qui vous méneront de la suface aux profondeurs d’Okhéania, quelques playdoyers contre l’esclavage et pour la nature font leur apparition. Parfois, vous aurez droit à quelques planches aux discours philosophiques, un peu trop philosophiques pour les plus jeunes. Quoiqu’il en soit, ils sont l’occasion d’échanger entre parents et enfants.

Au final, je reconnais à cette bd un réel sens du rythme et de l’aventure, sans pour autant oublier l’intelligence des propos.

Un bon cru qui gagne même en intérêt au second tome.

A quand la suite ?

Titre : Okhéania – tomes 1 et 2 – Le tsunami – La chute

Scénario : CORBEYRAN

Dessins : PICARD Alice

Couleurs : BRANTS Elsa

Décors : LAPEYRE Guillaume

Editeur : Dargaud

Parution : août 2008

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