New Byzance T1

Les islamistes ont pris le pouvoir sur le monde. New York ne s’appelle plus ainsi, désormais, c’est New Byzance, une ville à l’architecture byzantine où le crime par la pensée est passible de la peine de mort.

Zack Kosinski est un prescient. Il peut lire dans les esprits et entrevoir le futur. Vous pensez tromper votre femme, il vous connecte à son cerveau et vous vivez tout ce qui suivra votre adultère. Les querelles, le divorce, peut-être votre assassinat. Tellement de violence vous arrive d’un coup que vous culpabilisez et abandonnez l’idée même de penser. Mais ce pouvoir peut-il aller plus loin ? Ne peut-il pas ouvrir aux Hommes les portes d’une autre réalité ?

Dans la collection « Uchronies », New Byzance, New Harlem et New York sont la même ville, mais dans trois mondes parallèles. Avec « New Byzance », Corbeyran pose les bases d’une Terre où l’utopie fondamentaliste aurait pris le dessus sur le capitalisme. A « New Byzance », comme partout ailleurs, nous vivrions sous la dictature d’une politique islamiste et nous devrions nous soumettre à la loi de Dieu, autrement dit, ne plus penser par nous-même.

Et c’est là que Corbeyran frappe fort. A l’heure où la guerre contre l’Iran menace, il ose dévoiler les principes d’un état islamiste. Prenez cet autre exemple, les femmes ont l’obligation de se voiler, elles ne peuvent accuser leurs maris du moindre crime sans témoin et ces derniers ont le droit de punir leurs femmes en les défigurant à l’acide. Incroyable, n’est-ce pas ? Pourtant, il suffit de lire bon nombre de témoignages sur le sujet pour se rendre compte de l’évidence.

Après, Corbeyran ne fait pas dans la caricature à la sauce hollywoodienne. Tous les musulmans ne sont pas des méchants islamistes terroristes qu’il faut abattre à tout prix. Au contraire, dans sa bd – comme dans la vraie vie d’ailleurs – des hommes et des femmes musulmans pensent autrement. Ensemble, ils résistent et cherchent des solutions. Pourquoi pas un monde où les Hommes seraient libres de choisir et d’agir comme bon leur semble ? Et là, recoup d’éclat de ce cher Corbeyran. A travers les visions de Zack, il développe « New Harlem », une ville dans un monde ultra-libéral où tout se vend, même les gens. Le remède à un état fondamentaliste se révélant encore pire que le présent, les résistants hésitent et s’interrogent. De quoi s’interroger nous-mêmes aussi, sur ce monde qui est le nôtre et sur ce besoin très occidental de toujours vouloir imposer aux autres notre modèle de société. La métamorphose de la Chine en est une preuve évidente. L’Europe consumériste en est une autre.

Et oui, on devrait peut-être réfléchir un peu avant que le monde entier vire au grand supermarché.

Mais bon. Je finirais par un petit oubli de ma part. Car si le scénario est fort, la plongée dans le Fantastique est d’autant plus forte que le graphisme est travaillé. En effet, si derrière les buildings, on reconnaît bien New York et sa démesure, tous ces toits en dômes, les marchés aux tapis, les longues tuniques, les voiles, le raffinement et le détail des sculptures prouvent que Chabbert a fait un gros boulot pour adapter New York à la mode musulmane. A aucun moment, je n’ai eu l’impression d’un mauvais copié-collé. Alors, je tire mon chapeau aux auteurs et je souhaite être autant surpris par les séries parallèles, « New Harlem » et « New York ».

Titre : « New Byzance » - tome 1

Editeur : Glénat

Scénario : Corbeyran

Dessins : CHABBERT Eric

Couleurs : MALISAN Luca

Illustration de couverture : GUERINEAU Richard

Nb de pages : 54

Dépôt légal : janvier 2008