Crépuscule des mondes (Le)
J’ai toujours été un grand admirateur de cet auteur pas vraiment méconnu, mais trop peu lu, simplement. Sa vie, brève (1932-2005), se focalise autour de son opus magnum, l’immense cycle du Chant de la Terre : trois volumes affirmant haut et clair la filiation envers Les Seigneurs de l’Instrumentalité de Cordwainer Smith, suivis de deux autres tout aussi remarquables, et mâtinés de fantasy.
Avant ce chef-d’oeuvre incontesté, publié de 1982 à 1989, et unanimement célébré, Coney ne s’était jamais lancé dans le genre de la fresque intergalactique. Ses romans antérieurs, bien que de nette obédience SF, étaient tissés autour d’intrigues intimes, psychologiques et sentimentales et cela dès L’image au miroir (1972), Immortels en conserve (1973), ou Charisme de 1975, qui obtint un grand succès. Le présent ’Omnibus’ des éditions Bragelonne groupe trois oeuvres : Syzygie (1973), Rax (1975) et Brontomek (1976), romans cataclysmiques lents, à la manière de John Wyndham ou de Christopher Priest, et très britanniques, en ce sens. Deux se déroulent sur la même planète Arcadie, mais tous décrivent les ’petites’ réactions quotidiennes de colons isolés vis-à-vis d’un drame imminent. Romans psychologiques, romans de moeurs, ils restent à part dans la production de leur auteur, mais témoignent déjà de cette exceptionnelle richesse humaine qu’il magnifiera dans Le Chant de la terre.
A connaître absolument pour tous les admirateurs de Michael Coney. Postface superbement éclairante d’André-François Ruaud.
Michael CONEY, Le Crépuscule des mondes, , trad. : Ch. Canet, G-H. Gallet et F-M. Watkins, ill. de couv. : François Baranger, 541 p., coll. ’Les trésors de la science-fiction’, Editions Bragelonne