Vallée des hommes libres (La)

Auteur / Scénariste: 
Illustrateur / Dessinateur: 


Ce livre aurait pu être un fort joli conte poétique sur la rencontre par un jeune basketteur, dans une autre dimension, d’une femme bien plus agréable que sa fiancée riche, et, après force vicissitudes liées à l’intervention des militaires américains, leur rencontre dans le monde « réel ». Mais il a fallu que l’auteur choisisse pour narrateur un savant membre d’une société secrète et lui fasse énumérer, avec tout le didactisme prétentieux de celui qui sait LA vérité, comment le monde entier est gouverné par ladite société secrète, comment les Twin Towers ont été détruites par des charges explosives installées par la C.I.A. parce qu’elles auraient dû résister à un bombardement atomique grâce à leur acier extraterrestre, et un certain nombre d’autres classiques de la théorie du Complot.

Faire intervenir dans les mésaventures du héros ces thèses et faire du héros la victime de ces sociétés secrètes était parfaitement acceptable, particulièrement dans un roman ; mais l’accumulation des digressions pontifiantes du narrateur est insupportable. Pour couronner le tout, dans la plus pure tradition « authentique », l’auteur conclut le roman par une page où il déclare établies comme réelles les légendes sur l’« expérience de Philadelphie » et l’expérience Phénix, analogues à une expérience invoquée dans l’intervention des militaires du roman.

Du coup, au moins la moitié du livre devient inacceptable au lecteur non paranoïaque. Ou alors il faut pousser la suspension d’incrédulité jusqu’à l’effacement immédiat et total dans son esprit des affirmations excessives du narrateur. Alors et alors seulement on eut apprécier le caractère poétique de l’histoire, qui est loin d’être négligeable, la qualité de l’écriture, qui est réelle en dehors des passages pontifiants… Et on en vient à regretter que le roman ait été phagocyté par un tract paranoïaque…

Arthur Colin, La Vallée des hommes libres, couv Éric Grelet, 222 p., Éditions Alphée

Type: