Trompe la mort
Ah, ce sacré Marcel ! Il est pas commode le vieux. Un brin sourd, un peu bourru, il vous dit les choses comme il les pense. Que ça vous plaise ou pas. De toute façon, il n’a pas de comptes à rendre. Car Marcel est un ancien combattant.
Un jour, Marcel tombe sur un brocanteur qui détient un vieux clairon, un de ceux qui servaient aux soldats pendant la guerre 39-45. Il y a un prénom gravé dessus. Marcel connait bien cette manie, puisque lui-même avait gravé son prénom sur le sien. C’est alors que la nostalgie le reprend. Flash back en 1940, voilà Marcel qui marche en rang d’oignons avec son régiment. Sa tante et son oncle l’accompagnent sur le quai de la gare. Le jeune troufion grimpe dans le train, la larme à l’oeil. Prise de connaissances avec ses nouveaux camarades d’armée et enfin, le départ pour le front.
Le lendemain, la petite-fille de Marcel vient le voir. Elle conduit un bus qui transporte les personnes âgées de leurs villages à la grand ville. Marcel décide de faire partie du voyage, car il a pris une grande décision : retrouver son clairon !
Pas de grandes scènes de bataille, ni de documentaire historique. Ici, nous suivons l’histoire d’un vieil homme, un de ces anciens combattants comme il en existe encore beaucoup. Mais cet ancien combattant, parce qu’il décide de traverser un bout de pays pour retrouver son clairon, se trouve confronter à la réalité du monde actuel. Et oui, quel étrange monde qu’aujourd’hui. Aujourd’hui, les bus ne passent plus en campagne. Ca revient trop cher. Alors, c’est des jeunes qui se montent en asso et qui véhiculent les personnes âgées, bloquées dans leurs villages abandonnés. Aujourd’hui, des élus, ces gars du PMU, en manque de gloire et d’argent, profitent d’un vieux clairon pour ouvrir un musée et glorifier une époque révolue en but d’élection. Aujourd’hui encore, les jeunes préfèrent s’envoyer des textos plutôt que de s’investir dans des combats de politiciens qui les dépassent. Mais après tout, on leur parle de patriotisme, d’héroïsme, de s’engager pour la cause. De biens grands mots que tous ça. Car en 1940, qui était le patriote, l’Allemand qu’on avait humilié en 1918 et qui réglait ses comptes ou le jeune troufion français qu’on envoyait sous les bombes ? Hein, je vous le demande.
Du coup « Trompe la mort », c’est surtout un pétage de plomb délirant d’un vieux papy qui décide de reprendre le maquis afin de récupérer coûte que coûte son clairon. Le ridicule des situations est drôlissime et les petites piques envoyées à tous ces grands messieurs qui nous font la morale ne manquent pas de tordant.
Et puis un clairon, autrement dit une trompette, vous trouvez vraiment que ça a sa place sur un champ de bataille. Marcel aurait été bien mieux sur scène à jouer du jazz et c’est pourquoi, il va nous faire tout son tintamarre.
Titre : Trompe la mort
Scénario et dessins : Clarisse Alexandre
Editeur : Dargaud
Nbre de pages : 64
Parution : 2009