Téméraire, la flotte perdue T2

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Deuxième tome d’un cycle de space opera qui en compte six, Téméraire reprend là où Indomptable nous avait laissé. John Geary surnommé Black Jack Geary est toujours aux commandes de la flotte de l’Alliance qui vient juste d’arriver dans le système de Sutrah dans l’espace Syndic.


Ce second tome m’a davantage plu que le premier. Sans doute est-ce parce que petit à petit je retrouvais mes points de repère. Le personnage de John Geary est de plus en plus sympathique. Son face-à-face avec la vice-présidente de Callas, Victoria Rione, la confiance qu’il a en le capitaine Desjani qui commande l’Indomptable, la liberté de mouvement qu’il accorde au capitaine Cresida montre un John Geary au cœur de la tourmente qui sait prendre les bonnes décisions aux bons moments. Un capitaine qui doit commander une flotte sans tomber dans le travers de la politique, qui doit écouter ses hommes, qui doit prendre des sanctions contre ceux qui ne respectent pas les règles, mais surtout qui ne doit pas abuser de son pouvoir.

L’arrivée de la flotte de l’Alliance dans le système de Sutrah va libérer les prisonniers que les Syndics ont faits tout au long de la guerre. Dans un de ces camps, on retrouve le capitaine Francesco Falco, héros emprisonné depuis deux décennies. Ancienne gloire militaire, héros comparable à John Geary mais qui n’a pas l’intelligence de ce dernier. A sa libération, Falco espère prendre le commandement de la flotte de l’Alliance, mais c’est oublier que celle-ci est déjà commandée par un héros qui a un siècle d’ancienneté de plus que lui. Un siècle passé en hibernation, mais un siècle tout de même. Et à grade égal c’est l’ancienneté qui prime. Si Falco est content d’être libéré, ce n’est pas pour se retrouver comme simple capitaine sans vaisseau au sein d’une flotte de l’Alliance. Quelques capitaines qui avaient encore des doutes sur John Geary décident de lui faire confiance. Et lorsqu’il prend les commandes d’un vaisseau, il fomente une mutinerie d’une partie de la flotte. Avec 39 vaisseaux, il quitte la flotte de l’Alliance et se lance sur un chemin de retour parsemé d’embûches. Dans l’immédiat John Geary ne peut rien faire contre cette mutinerie car ses préoccupations l’amènent à Sancerre, un système au cœur de l’espace Syndic, qui sert à construire et réparer les vaisseaux. C’est l’idéal pour porter un coup fatal aux Syndics et en même temps ravitailler la flotte de l’Alliance qui en a bien besoin.

Le système de Sancerre contient une porte Hypernet, un moyen de transport plus rapide que celui utilisé par les vaisseaux spatiaux. C’est l’occasion de porter un grand coup en détruisant une de ces portes. Mais grâce au lieutenant Cresida (qui sera promue capitaine), John Geary découvrira que ces portails sont de vrais dangers capables de détruire un système solaire entier. Il est donc hors de question de détruire celui de Sancerre sans prendre certaines précautions. Nous voilà soudain au cœur de batailles spatiales dignes d’Honor Harrington. John Geary montre qu’il est un excellent stratège et tacticien et qu’il sait se faire écouter par ses hommes. La fougue a laissé la place à plus de logique, plus de tactique et de stratégie dans la tête des capitaines de vaisseaux de la flotte de l’Alliance.

Quand la flotte quitte le système de Sancerre, c’est pour rejoindre le système d’Ilion. La flotte devrait croiser le chemin des déserteurs commandée par le capitaine Falco. Et effectivement c’est ce qu’il se passe. Mais la flotte de Falco n’est plus que l’ombre d’elle-même. Sur 39 vaisseaux il n’en reste plus que 13 en piteux état, pourchassés par une flotte du Syndic bien plus importante. Voilà à nouveau un face-à-face épique entre l’Alliance et le Syndic, où John Geary et sa flotte font la différence.

La confrontation avec le capitaine Falco manque de profondeur. J’aurais préféré une confrontation plus sournoise entre les deux hommes. Quelque chose qui tienne en halène le lecteur. Une fois que Falco s’en va avec 39 vaisseaux, on assiste à une autre histoire. Et quand le retour de Falco se présente avec une flotte taillée en pièces qui n’a plus que 13 vaisseaux, le face-à-face se transforme en eau de boudin lorsqu’on s’aperçoit que Falco n’a plus toute sa tête. Bien sûr, on aurait pu partir de cette idée dès le départ. Des années de bagne, même pour un capitaine, ça laisse des séquelles. Mais laisser Falco s’emparer du commandement d’un vaisseau, puis d’une partie de la flotte, c’est presque inimaginable. Il s’agit bel et bien d’une mutinerie au sein de la flotte de l’Alliance.

Dans ce second opus, Jack Campbell dévoile tout son talent en matière de bataille spatiale. On est dans un vrai space opera où les protagonistes ne se font pas de cadeaux. Les batailles sont épiques. Il est dommage qu’en dehors des rayons destructeurs, des missiles et des mines spatiales, les vaisseaux utilisent de la grenaille. Dans l’espace, il est difficile de viser juste et encore moins pour des projectiles sans intelligence. Mais ce petit détail n’influence pas l’histoire. Celle-ci reste très rythmée et plaisante à lire. Un vrai space opera comme il y en a trop peu pour l’instant.

J’ai aimé ce second tome à tel point que je sais que je lirai le cycle jusqu’au bout. Je voudrais juste faire une petite remarque concernant le choix qu’a fait Jack Campbell. La totalité de l’histoire se passe à travers les yeux de John Geary. Aucune scène ne se passe en dehors de l’entourage de John Geary. C’est un peu dommage. J’espère que dans les tomes suivants ce petit défaut serra corrigé. Si ce n’est pas le cas et bien tant pis car La flotte perdue reste un excellent cycle pour les amateurs de space opera.

Si comme moi vous avez aimé le premier tome, ce second tome devrait vous plaire aussi. Il ne faut pas faire de comparaison avec le cycle Honor Harrington. La flotte perdue a son propre style et c’est très bien comme ça.

Téméraire, La flotte perdue T.2, Jack Campbell, traduction de Frank REICHERT et illustration de Didier FLORENTZ L’Atalante, 378 pages, 2008

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