Voyageurs (Les)

Trans-Intime est une entreprise qui répond aux problèmes de sa clientèle en interrogeant les esprits des défunts. Voilà pour la version officielle. En fait, les cinq associés (Raya, Dar, Rabel, Ecat et Bahm) voyagent à travers le Néant vers une Réalité parallèle située dans le passé ou le futur, où ils peuvent mener leur enquête et ramener des réponses. Ce n’est pas un vrai voyage temporel car cette Réalité n’a pas de substance : elle est le résultat de la transe créatrice des Voyageurs. Ce procédé est le secret de Raya, qui n’a pas livré tout son savoir à ses compagnons.

Savoir que l’armée française qui a formée Raya espère bien récupérer. Roelle, ancien partenaire de le jeune femme, assure donc en permanence une surveillance poussée du groupe. Depuis la fuite inexpliquée de Raya, Roelle est en état de manque car les voyages procurent une extase absolue et une dépendance poussée. Il utilise diverses drogues qui ne lui offrent que de pâles dérivatifs et il est prêt à tout pour retrouver ces sensations. Mais ses proies sont méfiantes et la partie s’annonce serrée.

Marie-Lé Camille ne plante pas de décors grandiloquent pour son roman mais, en plaçant ses héros dans la France actuelle, elle plonge immédiatement le lecteur dans son récit. L’auteur propose un texte axé sur le « voyage temporel » qui trouve son explication dans la transe chamanique, la drogue, la danse et un pouvoir mystérieux. Deux « voyages temporels » sont développés, celui dans le passé se révélant plus efficace que celui du futur, mais là n’est pas le véritable sujet du roman.

L’élément fantastique s’intègre en douceur dans la succession de huis clos que compose chaque partie du livre. Les héros interagissent amplement et l’aspect psychologique est poussé, chaque héros s’interrogeant sur ses motivations et la justification de ses actes. Même Roelle se révèle bien plus complexe que son apparente rigidité militaire le laisse présumer. L’auteur réussit également à maintenir jusqu’au bout le suspense sur l’issue de son récit : elle signe avec Les Voyageurs une très bonne histoire.

Les Voyageurs par Marie-Lé Camille, couverture : Ash, Griffe d’encre