Arène des géants (L')

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Ce roman est peut-être le meilleur que j’aie lu cette année, malgré son absence de fin ; c’est certainement un des plus ambitieux. La quatrième de couverture le décrit comme un techno-polar, à la hauteur des meilleurs américains. Le second qualificatif est à mon avis mérité ; mais le premier est totalement incorrect, le roman n’a rien à voir avec un Cussler ou un Clancy (Google cite aussi Crichton, et en France on pourrait ajouter Grangé). Le seul point commun est la quasi-contemporanéité du roman (qui se déroule en 2009-2011) et l’intervention des services spéciaux US. A part ça, le roman s’apparente plus à un Eon de Greg Bear ou à un Feu sur l’abîme de Vinge, avec seulement une composante hard science moins développée. De petits défauts dans la correction du texte sur des détails, de français ou techniques, l’idée particulière de noter les vitesses en millions de kilomètres par an, ce qui n’est parlant que pour les distances parcourues et ne se compare pas du tout à la célèbre vitesse de la lumière, ni aux vitesses de mobiles classiques (en m/sec ou km/sec) font porter l’attention surtout sur les problèmes psychologiques des héros ou la descriptions des espèces étrangères.

Le thème : brutalement, juste après qu’une structure « exotique » ait été découverte dans les mers du globe, le pôle Nord se transforme en réacteur de fusée et la Terre quitte son orbite pour partir dans l’espace, quittant le système solaire. D’une façon surprenante, ni la lumière ni la chaleur ne disparaissent. Mais assez rapidement les astronomes repèrent un autre bolide spatial qui se dirige vers nous sur une trajectoire de collision. Cet astéroïde géant, vite baptisé Chevalier chargeant, est en fait une planète habitée. Quelque temps après des visites d’un OVNI, un vaisseau sonde est envoyé dans la direction de cette planète. Abordé par l’OVNI, le vaisseau-sonde transmet alors un message qui explique que les habitants de Chevalier chargeant veulent savoir ce que les terriens envisagent de faire pour éviter la collision. Les services spéciaux américains vont alors prendre en main la lutte contre les Chevaliers, décrétés ennemis. Une salve de missiles est lancée dans l’espace pour détruire la planète avant qu’elle ne rencontre la Terre. Bien sûr, il faudra encore un certain nombre d’années pour cela. La présence sur Terre d’un certain nombre d’entre eux qui ont été envoyés pour survivre au cas où leur planète serait détruite aggrave la paranoïa des services officiels malgré l’attitude pacifique et coopérative des « réfugiés ».

Le lecteur devine, à travers les chapitres intercalaires, que tout cela est dû à la volonté d’une troisième espèce, qui a organisé un jeu comportant une part aléatoire suffisante pour organiser des paris, activité majeure de l’espèce. Mais la présence sur Terre de représentants des Chevaliers fausse et fait dérailler le jeu.

Multiple suspense donc : la collision pourra-t-elle être évitée ? la paranoïa des autorités américaines justifiera-t-elle le génocide préparé ? les terriens, les héros en particulier, découvriront-ils la vérité ?

Et, pour finir, comment des races supérieures gardiennes de la galaxie jugeront-elles les actes des terriens ?

En fait le roman ne conclut pas et les chapitres finaux m’ont fortement rappelé le procédé de Van Vogt dans Les fabricants d’armes (vous savez, ce supplément à peine esquissé à cause duquel Damon Knight avait qualifié AEVV de « gâcheur cosmique »).

Bien mené jusqu’à cette fin ouverte qui aurait mérité un plus ample développement, ce roman est effectivement, je le crois, à la hauteur des plus grands. Jean-Michel Calvez confirme qu’il est, avec Laurent Genefort, Serge Lehman et quelques autres, l’un des plus sûrs représentants de la SF française actuelle.

Jean-Michel Calvez, L’arène des géants, couv Bertrand Bouton/Jacques Seval, 466 p., Interkeltia « Sf-science »

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Commentaires

Bonjour,

Pour vous signaler que le co-auteur de la couverture se nomme Bertrand Bouton et pas Bernard Bouton. Egalement auteur de nouvelles SF et d’un roman (Adae) chez Interkeltia.
Merci de rectifier.

Cordialement
Bertrand Bouton