Poisson bleu nuit (Le)

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Comme Mélanie Fazy , la talentueuse préfacière – et auteure bien connue – j’ai tapé ‘Armand Cabasson’ sur Google. C’est vrai, il est psychiatre et se penche sur les problèmes des enfants en difficultés. Cela se ressent très fort dans cet admirable recueil. Il est aussi écrivain de thrillers… napoléoniens. Cette fibre historique imprègne cinq des douze nouvelles : deux se déroulent durant la Guerre de Sécession, deux au Moyen-Âge et une au temps du Japon héroïque. Toutes ont en commun une frayeur subite et la destruction d’idées reçues face au surnaturel. Le style est enchanteur et participe grandement au plaisir de la lecture.

La Montée du Grand Léviathan se distingue par sa longueur et son caractère résolument fantasy. Un roi ressuscite une citée engloutie et une mer disparue, avalée jadis par un monstre mythique. Mais… qui est donc ce monstre ? Réponse à la dernière page. Un chef-d’œuvre de poésie. Poésie qui imprègne tout autant la nouvelle éponyme, merveilleux récit d’une symbiose entre corps et tatouage… Le Fils de Cernunnos, très celte, participe aussi de ce grand talent évocateur de mystère, typique de l’art de Cabasson. Les autres nouvelles ressortent plutôt du fantastique contemporain. Un genre difficile mais parfaitement réussi par l’auteur. Ce sont ces petits contes qui impressionneront peut-être le plus, malgré la brillance des textes historiques. Et ce dès le premier, Please, faisant furieusement penser au célébrissime Journal d’un monstre de Richard Matheson. Art, qui s’interroge sur les rapports entre la Femme et l’inspiration, et La Pierre du Fou, tentative d’envoûtement pour une bonne cause, sont exemplaires à cet égard. Tout comme la jolie Fille d’elfe finale, pathétique recherche d’identité. La perle du recueil est, à mon sens, La Fée des blés. C’est l’histoire touchante d’une petite fille tentant désespérément de réconcilier ses parents, et qui, pour cela, fera appel à une fée, à ses propres risques.

Ensemble de nouvelles très riches donc, et frappant le lecteur par cette grande sensibilité à la souffrance, à la différence, domaines ô combien propres au fantastique, et qu’Armand Cabasson nous rend avec une infinie tendresse.

Armand CABASSON, Le Poisson Bleu Nuit, Illustration : Lachataigne, 208 p., Editions Nuit d’avril

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