Braquage à l'anglaise

Les liaisons dangereuses

 

Scandale

Un sinistre individu, qui a pignon sur rue, menace le gouvernement britannique de dévoiler au grand jour une série de photos compromettantes - montrant l’un des membres importants de la famille royale en fâcheuse posture -, qu’il a précautionneusement mis à l’abri en les enfermant dans un coffre à sa banque. Les services secrets britanniques (MI5 et MI6) décident, du coup, d’organiser en sous-main le cambriolage de cette banque afin de récupérer les fameuses photos ainsi que les négatifs. Ils chargent Martine Love, ancienne mannequin et actrice célèbre qui gravite dans tous les endroits à la mode, de trouver des petits malfrats à qui elle doit proposer, mine de rien, de cambrioler la banque mais, bien évidemment, sans leur dévoiler l’objectif exact de cette opération. La jeune femme reprend alors contact avec Terry et Kevin, deux amis d’enfance, pour les brancher sur le coup. Cambrioler une prestigieuse banque londonienne dépasse de loin toutes les petites magouilles (vols de voitures, menus larcins) dans lesquelles ils ont trempé jusqu’alors mais après un moment d’hésitation, ils acceptent la proposition de Martine car ils voient là un moyen de prendre leur retraite et de partir refaire leur vie ailleurs. Terry recrute pour l’occasion quelques copains de son entourage et programme l’organisation du cambriolage qui devra avoir lieu le week-end afin de profiter de la fermeture de la banque.

Le casse

Ici les cambrioleurs ne disposent d’aucun matériel de haute technologie (ni ordinateur, ni gadget dernier cri pour neutraliser les systèmes de sécurité) pour commettre leur forfait. On est en 1971 et il s’agit là d’un bon vieux casse à l’ancienne. Pour accéder à la banque, ils ont creusé, juste avec des pioches et des pelles, un tunnel d’une douzaine de mètres depuis le sous-sol d’une maroquinerie, qu’ils avaient louée pour peu de temps et située à deux immeubles de la banque. Après être passés sous un fast-food puis avoir percé le sol en béton armé d’un mètre d’épaisseur de la chambre-forte à l’aide d’une lance thermique (considéré à tort comme inattaquable le sol de la banque n’était protégé par aucun système d’alarme), ils ont forcé 268 coffres avec de simples pieds-de-biche et sont repartis au bout de quelques heures en emportant un butin de plusieurs millions de livres sterling, en billets de banque et bijoux d’une valeur inestimable.

 

A l’insu de ses camarades, Martine s’est chargée de récupérer les fameuses photos mais Terry s’en est aperçu et les lui a reprises. En ayant mis la main sur ces photos explosives, Terry et sa petite bande de malfrats sont en mesure de pouvoir déclencher le plus grand scandale de la décennie, risquant ainsi de de mettre en péril la Couronne britannique. Ils se retrouvent du coup avec la police, les services secrets et des hommes de l’ombre à leurs trousses.

Conversation secrète

Le 11 septembre 1971, un radio-amateur capta, tout à fait par hasard, une conversation entre deux inconnus qui étaient a priori en train de cambrioler une banque et cela se passait dans un rayon de 15 km autour de là où il se trouvait. Il enregistra l’échange puis téléphona à la police pour les prévenir. Après avoir écouté l’enregistrement, un officier de police fit envoyer une camionnette équipée d’un détecteur afin de trouver l’origine de cette transmission mais, entretemps, les conversations au talkie-walkie avaient cessé. En fait, Terry communiquait épisodiquement avec l’un de ses hommes, chargé de faire guet et qui était planqué sur le toit de l’immeuble situé en face de la banque qu’ils étaient en train de cambrioler.

 

Les recherches s’intensifièrent et la police vérifia 750 banques pendant le week-end et plus principalement les 150 qui se trouvaient au plus près de là où le radio-amateur avait capté la fameuse conversation. C’est ainsi que des policiers inspectèrent la Llyod Bank, située au coin de Baker Street et de Marylebone Road, mais ils ne trouvèrent aucune trace d’effraction visible. La porte de la chambre forte, épaisse de 40 cm, était intacte et fermée par un système de minuterie qui ne pouvait s’ouvrir que le lundi matin. Sans le savoir, les policiers étaient passés à seulement quelques mètres des cambrioleurs qui étaient encore à l’intérieur de la chambre-forte, à ce moment-là. Ce n’est que le lundi matin à l’ouverture de la banque que le cambriolage fut découvert.

Secret d’état

L’évènement fit la une des journaux pendant très peu de temps puisque seulement quatre jours après le cambriolage, les médias reçurent de la part du gouvernement une “D Notice”, une demande exceptionnelle de ne rien publier sur un sujet pouvant compromettre la sécurité de l’Etat. Par la suite seuls quatre hommes furent reconnus coupables de complicité. La plus grande partie du butin n’a jamais été retrouvée et le peu qui a été récupéré par la police n’a jamais été réclamé par les clients de la banque.

Dans la mesure où on ne sait pas exactement ce qui s’est réellement passé - beaucoup de choses n’ont jamais été révélées puisque maintenues sous silence pour cause de secret d’état, le scénario, qui comporte moult rebondissements, émet des hypothèses plausibles sans toutefois avoir le moyen de savoir si elles sont véridiques ou pas. Les scénaristes sont partis des éléments connus de l’époque qu’ils ont pu récolter dans les archives des différents médias sur l’audacieux cambriolage dont avait été victime la banque Lloyds de Londres en 1971 et ont ensuite extrapolé le reste pour combler les vides. La famille royale est victime d’un odieux chantage, la machination des services secrets pour l’enrayer se met en place, le cambriolage a lieu mais les choses ne se passent pas vraiment comme prévu dans la mesure où les “pigeons” de l’arnaque découvrent le pot aux roses, les hommes de l’ombre entrent en action pour tenter de récupérer les photos compromettantes sans éveiller les soupçons de la police ni ceux du maître-chanteur qui est prêt à tout pour récupérer la seule chose qui le met à l’abri de graves représailles. Au milieu de tout cela, quelques politiciens aux mœurs dissolues risquent gros.
Voilà qui donne l’occasion aux scénaristes de nous offrir une belle brochette de personnages variés (la bande de cambrioleurs, la femme fatale qui sert d’appât et d’instrument de manipulation, les flics qui enquêtent sur le cambriolage mais ignorent tout de l’existence des photos compromettantes, les membres des services secrets qui ont monté l’opération qui ne s’est pas déroulée comme prévu, les hommes de l’ombre qui agissent sur ordre du Palais, le maître-chanteur prêt à tout pour récupérer les photos qui lui servent d’assurance-vie). Chacun d’eux cherche à sa façon à sauver sa peau (et ou son job) dès que la situation dérape et dévie du plan initial. Ce thriller atypique et insolite bénéficie, en outre, d’une minutieuse reconstitution de l’ambiance de l’époque (décors, costumes) et d’un zeste d’humour british.

Braquage A L’Anglaise

Réalisation : Roger Donaldson
Avec : Jason Staham, Saffron Burrows, Stephen Campbell Moore, Daniel Mays, Jmaes Faulkner, Michael Jibson, Alki David, Richard Lintern, Don Gallagher, David Suchet
Sortie le 6 août 2008
Durée : 1 h 40

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