Botaniste (Le)

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William Icard, scientifique idéaliste et passionné, vit en harmonie avec la nature dans un village autochtone au cœur de la forêt amazonienne. Jusqu’à ce matin fatidique où sa famille est sauvagement agressée par un commando qui brûle tout sur son passage. Dix ans plus tard, le procès intenté par une ONG écologiste contre un consortium spécialisé dans l’huile de palme est subitement interrompu après l’enlèvement de quatre membres du jury. Le lendemain, ces mêmes jurés réapparaissent sur les réseaux sociaux, seuls au milieu de la forêt primaire.Une TV-réalité d’un genre nouveau est née.Passionnés par le sort des otages, les spectateurs découvrent la beauté stupéfiante de cette nature vierge et se rallient, peu à peu, aux idées du mystérieux Botaniste qui dirige les opérations.C’est le début d’une course contre la montre : le Botaniste pourra-t-il rallier la population mondiale à sa cause avant qu’il soit capturé par la police ou tué par les agents du consortium ? 

C’est une chronique un peu différente de celles que je rédige habituellement que je vous propose aujourd’hui, l’auteur, le roman et le contexte dans lequel celui-ci est situé m’étant particulièrement chers. C’est également la plus longue que j’aie jamais écrite à ce jour. 

Le Botaniste est basé sur le scénario écrit par le documentariste Luc Marescot et le réalisateur Guillaume Maidatchevsky afin d’alerter le grand public sur la situation des forêts primaires. Cette aventure a fait l’objet du documentaire Poumon vert et tapis rouge, sorti en septembre 2021 au cinéma.Avant que ce thriller écologique ne voie le jour sur les écrans, Jean-Luc Bizien a pris sa plume pour lui donner vie. 

Nul besoin de vous en dire plus sur l’histoire, la quatrième en révèle bien assez et je n’ai ni l’habitude ni le goût de la déflorer. Le fait qu’elle soit ancrée dans un contexte écologique permet, tout en passionnant le lecteur grâce des aventures, du suspense et de l’action, de rappeler que, tout comme le réchauffement climatique – duquel on parle beaucoup –, la déforestation – dont on entend en revanche moins parler – est une des plus grandes catastrophes écologiques qui guettent l’humanité. Les enjeux sont en effet énormes pour la planète et pour notre survie dont elle dépend : non seulement la forêt amazonienne représente le poumon vert de notre planète, mais elle abrite plus de la moitié des espèces vivantes qui l’occupent.

Dans ce récit très documenté, l’équilibre entre la fiction romanesque et les informations techniques et scientifiques est néanmoins parfait. À aucun moment on ne ressent d’ennui, qui pourrait être lié à l’impression de suivre des cours de biologie, ni le sentiment d’être un profane confronté au discours d’un spécialiste, pas même dans les notes personnelles insérées avec parcimonie. Celles-ci, particulièrement bien choisies, m’ont semblé au contraire très intéressantes et instructives. Les enseignements que l’on peut retirer de ce roman sont multiples et concernent la flore et la faune mais aussi la survie en milieu sauvage et le savoir ancestral des tribus amazoniennes en matière de médecine. De plus, j’ai adoré me balader dans la canopée à bord du Forestius, le vaisseau des cimes que Jules Verne aurait adorer inventer.

Parlons un peu des personnages. Evidemment il y a les méchants de l’histoire, les mauvaises herbes qui font parfois partie de la fine fleur de la société, des industriels milliardaires sans foi ni loi autre que celle de l’argent, du mercantilisme et du profit. Ceux-là, poussés par une avidité qui prime sur le bien du plus grand nombre, et même sur tout sens commun, sèment le chaos et la destruction. Mais ils ne sont pas les seuls responsables. Faut pas pousser mémé dans les orties non plus ! La surconsommation est de notre fait, il faut bien se l’avouer. Si chacun d’entre nous faisait un tout petit peu plus attention à ce qu’il achète, à sa provenance, à ses ingrédients, les géants de l’agro-alimentaire et ceux qui les fournissent seraient certainement obligés de revoir leur copie. Pour ma part, je boycotte tous les produits contenant de l’huile de palme depuis déjà de nombreuses années. Ce n’est qu’un exemple bien sûr, mais je pourrais en citer d’autres.

Heureusement il y a aussi les gentils. Certains ne font que se raccrocher aux branches, mais d’autres vont plus loin. Des hommes et des femmes qui se battent au quotidien et font feu de tout bois. Ils usent de moyens peu orthodoxes afin de montrer l’envers du décor, dans le but de dévoiler le pot aux roses au grand public. C’est le cas du Botaniste et de sa famille, qui mènent un combat désespéré, quelque peu cervantesque, et qui risquent même leur peau pour leurs convictions, le bien de la planète et l’avenir de l’humanité.

Outre le discours passionnant, l’intrigue est très bien menée. Elle nous réserve surprises, rebondissements, suspense et action, mêlant inextricablement ses nombreuses ramifications et y greffant des histoires annexes, de façon à ne jamais nous faire oublier qu’il s’agit bien là d’un roman. La lecture en est très addictive et haletante. Je l’ai commencée de manière hachée, occupée par un surcroît de travail, mais j’ai lu la deuxième moitié en une seule fois, quasiment en apnée.

Cerise sur le gâteau, l’écriture de Jean-Luc Bizien est tout à fait agréable, solide, rythmée, riche et travaillée. Je l’avais déjà expérimentée avec son précédent roman, Et puis mourir. J’en ai d’autres en réserve. Mais je vais arrêter là de lui jeter des fleurs, et terminer en vous conseillant, en vous exhortant à lire Le Botaniste. Si vous n’êtes pas convaincu par le propos, vous n’aurez de toute façon rien perdu, vous aurez lu un excellent thriller. Peut-être aussi, je l’espère, que ce bouquin vous aidera à voir les choses d’une autre manière. Même si la planète va mal et qu’on n’a pas le cul sorti des ronces, nous devons cependant nous dire que rien n’est perdu, ne pas nous contenter d’espérer et œuvrer, les uns avec les autres, chacun à notre niveau, afin que les choses changent. Je sais que certains, à qui on mettra le nez dans la m****, continueront à dire que ça sent la rose, mais j’ose croire que d’autres verront leur conscience s’éveiller. C’est peut-être un vœu pieu, mais quand je considère ma fille de vingt-quatre ans qui va dans ce sens sur bien des points – bien plus que moi encore –, je place quelque espoir en la nouvelle génération.

Je remercie les éditions Fayard via NetGalley pour leur confiance et ce remarquable moment de lecture.

Parue sur Beltane (lit en) secret

Le Botaniste, Jean-Luc BIZIEN, aux éditions Fayard, 19,50 €

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