Bifrost n°58

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Excellent numéro dominé par un dossier fourni, consacré à Laurent Genefort, figure ô combien incontournable dans l’actuelle SF française. L’auteur d’Omale se révèle direct, exempt de toute langue de bois, franc dans son long interview, tout à fait passionnant. Sa nouvelle, Rempart, débute par une idée fracassante : des extraterrestres arrivent sur la Terre par des ’Bouches’, sorte de portes à sens unique, pour repartir incontinent par d’autres ’Bouches’ vers leur destin. En quelque sorte, ils ne font que passer. Mais certains restent, évidemment. Il y a de tout dans ces ’aliens’, des bons, des méchants, des inquiétants, des profiteurs : physiquement, ils sont aussi tous différents. C’est un peu comme dans L’Hôpital des étoiles (’Sector General’) de James White, côté comique en moins. Tout est vu du côté de militaires chargés de nettoyer des foyers d’insurrections humains et dérangés par ces extraterrestres inopportuns et incongrus. Très bon texte. A noter aussi, une bibliographie genefortienne bien complète.

Le numéro lui-même démarre par une nouvelle de Jean-Claude Dunyach, Trois hourras pour Lady Evangeline. fouillée et parfaitement construite, comme toujours chez cet auteur. Une école extraterrestre se voit envahie par des insectes, et l’élève-héroïne, au caractère impossible joliment esquissé, s’y adaptera... jusqu’à l’extrême. La dernière nouvelle inscrite au programme est de Claude Ecken, écrivain rare et toujours fascinant. Il réussit à renouveler complètement le thème éculé du robot rebelle/défectueux et son impact sur la psychologie humaine, sur fond de paysage japonais idyllique. Brillant et superbement écrit.

En dehors de ces trois textes, et des critiques habituelles, une chose m’a frappé dans ce numéro : la hargne envers les autres revues. Cela est amusant car il s’agit de critiques sur des revues que je viens de commenter ici même pour Phénix, à savoir Galaxies nouvelle série 7 et Solaris 173. Alors là, le chroniqueur y va fort : tout est mauvais. La nouvelle de Fabien Clavel, que j’avais beaucoup aimée, il ne réussit pas à la finir. Et le round robin de Solaris tout comme l’intéressant article de Tessier sont démolis. Bref, Galaxies est considéré comme « vraiment pas convaincant, fort ennuyeux pour tout dire », et Solaris comme un « naufrage ». Désolé, mais il n’y a que quelques revues papier qui se consacrent à la SF. Si elles commencent à s’entretuer, on ne se plaindra pas du recul du genre dans le grand public. Heureusement, nous ne sommes pas comme cela, chez Phénix ;-).

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