Ensorcellement

Dag est un vieux Marcheur du Lac qui a traîné sa longue carcasse dans toutes les régions connues du Lac. Suite à une terrible bataille dont il ne parle jamais, Dag a perdu sa femme et sa main gauche. Il n’en est pas moins demeuré un redoutable adversaire grâce à une ingénieuse prothèse. Ses ennemis, ce sont les spectres, ces monstres qui naissent et grandissent en se nourrissant de l’essence qui anime les hommes, les animaux et les plantes. Alors qu’il patrouille, Dag sauve la jeune Faon des griffes d’un de ces monstres.

Faon est une petite fermière effrayée, qui a décidé d’abandonner les siens et de prendre la route, suite à une erreur de jeunesse. Enlevée par des hommes vases (les serviteurs du spectre), Faon doit son salut à son courage et à l’intervention de Dag. De cette rencontre improbable naît un amour impossible, dans un monde impitoyable et cloisonné. Pourtant, les deux amoureux sont bien décidés à affronter toutes les adversités.

Ensorcellement doit être lu comme la première partie d’un roman en deux volumes, ce qui explique la construction particulière du récit. En effet, l’action et l’affrontement contre le monstre occupent les premiers chapitres du livre, qui s’apparentent à une chasse à rebondissements. Le combat achevé, l’auteur prend le temps de décrire à son rythme les deux mondes étrangers qui composent le Lac (les Marcheurs et les Fermiers), avec les héros pour trait d’union.

Au fil des pages l’humour se développe, en harmonie avec l’épanouissement de Faon et la renaissance à la vie de Dag, qui renvoie l’image d’un vieux cow-boy solitaire. Une atmosphère désuète accompagne la narration tranquille de L. Mc M. Bujold, même si de nombreux éléments d’inquiétude et de dangers sont savamment distillés tout au long des pages. Ensorcellement constitue un voyage savoureux et charmeur, doté d’une superbe couverture signée Amandine Labarre.

Ensorcellement, de Lois McMaster Bujold, illustré par Amandine Labarre, traduit par Julie Lopez, Éditions Bragelonne, 351 pages