BUENO Antoine
Antoine Buéno, première question classique, qui êtes-vous ? Juste moi-même.
Votre bibliographie est très portée vers l’Imaginaire et c’est aussi votre poste d’enseignant qui est orienté vers une de ses formes : l’utopie. Mais votre violon d’Ingres, c’est le transitionnisme. Quelques explications ?Le transitionnisme est moins mon « violon d’Ingres » que ma théorie. L’idée selon laquelle nous expérimentons aujourd’hui une transition (énergétique et démographique) déterminante qui pourrait nous conduire soit à un effondrement civilisationnel, si nous la négocions mal, soit à la maîtrise totale de la matière, si nous la négocions bien. C’est de la prospective. Et on ne peut en faire sans imagination. D’ailleurs, mise en musique fictionnelle, la prospective donne l’anticipation qui est un genre de littérature de l’Imaginaire. Quant à l’Utopie, elle est aussi intrinsèquement liée à ces notions. L’Utopie, comme genre littéraire, est l’anticipation des siècles passés. Aujourd’hui, selon moi, l’Utopie est morte. Mais la dynamique utopique ne l’est pas. Celle qui nous pousse à transformer matériellement le monde pour le rendre meilleur à l’homme. C’est elle qui nous a conduits à la transition actuelle.
Pensez-vous que votre maître bonsaï est justement une forme d’humain en transition ?Non, je ne resitue pas mon maître bonsaï dans le champ du transitionnisme. C’est un être à part, perdu, coupé du monde, un Bartleby le scribe, un Joueur d’échec, un Étranger, pour reprendre quelques-uns des modèles qui me l’ont inspiré.
En revanche, la problématique de son histoire est transitionniste. Quelle contrainte imposer à la nature ? Jusqu’où ? Et si l’on dépasse le point de rupture, quels risques ?
Un de vos livres « prospectivistes », « Le soupir de l’Immortel », parle d’éternité. Et le rapport avec les bonzaïs qui sont des arbres extrêmement âgés pour certains, cela reste dans la ligne ?Non plus, du moins je n’y ai pas pensé. Mais on peut placer les deux livres en miroir. Le Soupir de l’immortel tâche de dresser le portrait d’une société d’après la transition, dans l’hypothèse optimiste où nous la négocierions bien. Dans ce cas de figure, à quoi ressemblerait un monde durable ? A mon sens ce serait un monde d’immortels. Et à quoi ressemblerait un monde humaniste, démocratique et libéral d’immortels ? C’est ce à quoi tente de répondre le Soupir de l’immortel.
Le Maître bonsaï est quant à lui une fable environnementale du temps de la transition. Il ouvre, de manière métaphorique, la perspective d’un échec à bien négocier cette transition.
Un petit mot sur le prix que vous avez fondé ?Il s’agit du Prix du Style, que j’ai créé il y a près de 10 ans pour servir ma carrière littéraire. Echec total, ce prix n’a absolument pas dopé mon parcours d’écrivain. En revanche, c’est devenu un véritable prix littéraire, connu et reconnu du milieu. Et je crois que nous n’avons pas à rougir de notre palmarès.
Avant-dernière question, vous, vous en êtes où dans votre mutation ? Vers où vous dirigiez-vous ? J’arrête les livres. Pour au moins quelques années, si ce n’est définitivement. Trop d’investissement pour trop peu de retour. De plus, tout ceci me paraît totalement vain. La population des lecteurs se réduit comme peau de chagrin et elle est noyée sous une avalanche de publications médiocres. Tout cela est fini. C’est la nostalgie d’un monde révolu. Et je ne suis pas nostalgique.
Et la dernière, quels sont vos projets ?Je me lance donc dans tout autre chose, qui m’a toujours tenté et qui est aujourd’hui encore bien vivant, une autre forme d’écriture, celle de la scène, du stand up, du One man show !
Merci
Critique du Maitre Bonzai sur le site
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