Chat aux yeux jaunes (Le)

Auteur / Scénariste: 

Quand les fantômes du passé crèvent l’écran pour régler leurs comptes... Dans les années 60, l’actrice Peggy McFloyd a connu un succès planétaire grâce à la série télévisée "First Lady" . Aujourd’hui riche et âgée, elle s’est reconvertie dans l’action caritative en érigeant sur sa propriété une maison de retraite où elle accueille ses vieux camarades de scène. Il semblerait toutefois que depuis quelque temps, cc petit paradis soit le théâtre d’événements aussi étranges qu’inquiétants. Qui connaît la vérité sur "First Lady", cette série réputée "maudite" depuis que certains de ses acteurs ont disparu dans des conditions brutales ?


Une certitude avec Serge Brussolo : son art consommé du récit et sa connaissance des ficelles du suspense proposent toujours aux lecteurs une narration enlevée, un rythme soutenu et une ribambelles d’idées. Tout cela fait évidemment partie d’une « technique » de l’écriture que Serge Brussolo pratique depuis de nombreuses années… Reste à voir si une âme, un frisson trouve son chemin entre les lignes parfaitement agencées de la construction… Car dans le cas contraire, on risque bien de se retrouver avec une belle coquille vide de toute émotion, une bâtisse parfaitement décorée… mais dénuée de toute chaleur.

Ce n’est heureusement pas le cas de cette troisième aventure de Mickie Katz, décoratrice et architecte de son état, qui plonge souvent tête la première dans des histoires aux détours surprenants. Après s’être opposée à un fou de guerre (Dortoir Interdit), puis à une tribu de « sauvages » survivant au fond d’une mine (Ceux d’en Bas), la voici qui entre de plein pied dans le monde des has-been hollywoodiens, ces vieux acteurs aux bronzages artificiels, qui font les beaux jours de la télévision de grande consommation et la fortune des studios.

Engagée pour redécorer l’appartement d’une ancienne gloire du soap-opera, Mickie va découvrir un monde « fermé », un univers de carton pâte, où tout est fait pour que survive la légende (et la série télé) d’une ancienne gloire au passé trouble.

Bien entendu, Serge Brussolo pousse ici à son paroxysme la complicité qu’il entretient avec le lecteur, joue avec les codes, bâtit une histoire où les mises en abyme se suivent… Et finit par se livrer à un exercice qu’il affectionne : nous porter jusqu’aux limites de la réalité sans jamais vraiment transgresser la frontière du fantastique.

Cette troisième aventure de « L’Agence Treize » aurait pu être un peu plus courte, certaines situations fleurent peut-être un peu trop le détour inutile… mais dans l’ensemble Serge Brussolo se pose tout de même en incontournable auteur de fiction « populaire » dans ce qu’elle peut avoir de plus jouissif.

Le Chat aux Yeux Jaunes de Serge Brussolo, Editions Fleuve Noir, 284 p. 18€

Type: