BOFFY Chloé 01
Bonjour Chloé, et merci de consacrer un peu de votre temps aux lecteurs de PHENIX-WEB.
Merci également à Phénix-Web pour cette interview.
Racontez-nous votre « entrée en littérature »…
Elle s’est faite petit à petit. Je ne me suis pas réveillée un matin en me disant « Tiens, je vais écrire un livre et devenir écrivain ». Toute petite, j’inventais déjà des histoires qui sont devenues plus consistantes au fur et à mesure que je grandissais et que je progressais. Je n’avais jamais vraiment pensé à les publier avant qu’une copine ne m’en souffle l’idée au lycée. C’est là que j’ai commencé à envoyer mes premiers manuscrits. Et il a fallu que je m’accroche, parce que pour être publiée, c’est bien souvent le parcours du combattant. Mais j’ai réussi à faire mon chemin petit à petit. Je suis encore très loin du sommet, pourtant, quand je regarde en arrière, je suis plutôt fière de ce que j’ai déjà accompli.
Vous portez une double casquette puisque vous écrivez à la fois pour les enfants (M. Plume) et pour les adultes. Est-ce ce double univers qui vous a inspiré Grim Tales ?
Pas vraiment, même si, quelque part, on peut dire que le fait d’avoir écrit des contes pour jeunes adultes fait la cohésion entre mes écrits à destination des enfants et ceux pour les adultes.
En fait, j’avais au départ écrit Le loup de Fairview pour un appel à textes qui a été abandonné. Comme j’avais aussi un début de reprise d’Aladdin qui traînait sur mon disque dur depuis plusieurs années, j’ai décidé de me lancer dans un recueil de réécriture de contes.
C’est ce samedi 7 mai que sort votre recueil de contes Grim Tales aux Éditions Lune Écarlate. Nourissez-vous une affection particulière pour ce genre et pour cet auteur ? Et, dites-nous, quel était votre conte préféré quand vous étiez enfant ?
J’ai toujours énormément apprécié les contes. Pas seulement ceux de Grimm, Perrault ou Andersen, mais aussi les contes moins connus, régionaux, ou venant d’autres pays ou d’autres cultures, comme les contes asiatiques, par exemple, que je trouve très poétiques. Les contes aident à se construire, abordent des thèmes universels, qui peuvent toucher chacun de façon particulière selon son âge, son vécu… Ils parlent à tout le monde.
Pour en choisir un préféré, cela se corse ! Il y en a tellement que j’aime, et tellement que je n’ai pas encore lus ! Enfant, je crois que mes préférés étaient La petite sirène et Peau d’âne, mais j’aimais également beaucoup le conte chinois Le bouvier et la tisserande.
Comment et pourquoi revêt-on le costume de conteuse des temps modernes ?
L’amour des contes et l’envie de le faire partager.
Bien qu’ayant recours au genre du conte, les récits de Grim Tales ont pour cadre notre société actuelle, n’est-ce pas là un exercice surréaliste de faire rentrer notre société moderne dans le moule traditionnel du conte ? Et pensez-vous que ce genre parle encore aux lecteurs du XXIe siècle ?
Surréaliste, je ne pense pas, car, à la base, les contes était faits tout autant pour divertir que pour aborder, de façon voilée, les problèmes auxquels les enfants pouvaient être confrontés, et les aider à les surmonter. Les avoir transposés dans notre actuel montre que les histoires qu’ils racontent sont intemporelles.
Quant aux contes en eux-mêmes, je trouve qu’ils intéressent toujours autant les lecteurs, peut-être même encore plus aujourd’hui. Il suffit de voir, en littérature, au cinéma ou à la télévision, toutes les adaptations de contes qui foisonnent.
Le conte implique une dimension de merveilleux, bien éloignée du monde adulte actuel. Avez-vous tout de même saupoudré Grim Tales de « poudre de fée » ?
Si par « poudre de fée », vous entendez littéralement « magie », alors non, ç’aurait été trop facile, car le défi que je m’étais lancé était justement de ne faire apparaître aucun élément surnaturel. Exercice plus ou moins difficile selon le conte choisi. Mais j’espère qu’un peu de féérie transparaît tout de même dans mon style et dans mes mots.
Le conte implique généralement une morale, une leçon à tirer. Ces contes constituent-ils un instantané des divers fléaux dont souffre notre société ? En d’autres termes, souhaitez-vous, à travers ce recueil, donner à réfléchir à vos lecteurs, les inviter à tirer un bilan ?
Oui, tout à fait. Même si mon intention en écrivant ce recueil était surtout de réussir mon défi tout en divertissant les lecteurs, j’espère que certains pourront s’y reconnaître et que cela les aidera à surmonter une mauvaise passe. Cela peut nous arriver à tous, un jour ou l’autre, de nous retrouver dans la situation d’un de mes personnages. Ces derniers ne font pas forcément tous les bons choix, mais au moins, leur point commun est d’essayer de s’en sortir. Ils agissent au lieu de subir. Et même si on n’aurait pas réagi comme eux, cela permet de se poser la question, de se demander ce qu’on aurait fait à leur place.
Bien que mes contes ne se veuillent pas moralisateurs, ils exposent les risques de certains comportements, et démontrent également que même si les choses vont mal, elles finiront toujours par s’arranger.
Quel est votre conte préféré dans votre recueil et pour quelle raison ?
Tombe la neige, réécriture de Blanche-Neige, une histoire de rivalité entre sœurs. C’est aussi le préféré de la plupart de mes beta-lectrices. J’ai beaucoup aimé l’écrire. Cette nouvelle aurait pu passer pour un fait divers sordide, mais j’ai essayé de la rendre douce et presque poétique.
Quel est le personnage qui vous a demandé le plus de travail et pourquoi ?
Le personnage de Belle dans Captive m’a demandé beaucoup de réflexion, car c’était très dur de se mettre à sa place. Je me suis inspirée de témoignages de filles dans sa situation pour rendre ses réactions le plus réalistes possible.
Enfin, question traditionnelle : si vous deviez convaincre les lecteurs de découvrir votre univers, que leur diriez-vous ?
Je pense que ce sont mes lecteurs les mieux placés pour dire ce qu’ils apprécient dans mes livres. Ce que je peux vous dire, c’est que je suis sincère dans tout ce que j’écris, et que je m’efforce d’insuffler un peu de beauté et de poésie dans mes histoires, tout comme dans mes dessins.
Crtique de Grim Tales ici
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