Colère de Fantômas (La)

Soumis par Equipe Phenix le mer, 03/07/2013 - 07:14

Auteur / Scénariste:

Illustrateur / Dessinateur:

Bonjour à toutes et tous.

Chronique bande dessinée avec un formidable retour chez Dargaud, celui de Fantômas, héros feuilletonnesque français du début du 20ème siècle, écrit au départ par Pierre Souvestre et Marcel Allain...

Le premier opus La colère de Fantômas, histoire en trois tomes, nommé Les bois de justice, est une formidable réussite. L’attente des deux prochains tomes, avec Julie Rocheleau au dessin et Olivier Bocquet au scénario, sera des plus pénibles...

Tout d’abord évidemment, le trait et la couleur de la dessinatrice Julie Rocheleau, qui ne cherche pas à reprendre le style feuilletonnesque de la Belle Epoque, ni non plus l’esthétique actuel comics ou manga.

Le projet esthétique est donc totalement différent par exemple de La brigade Chimérique de Gess au dessin, Serge Lehman et Fabrice colin au scénario et Céline Bessoneau à la couleur, série qui reprenait l’esthétique Comics en imaginant des superhéros émergeant des affres de la guerre 14-18.

On est plus proche avec ce Fantômas d’un album pour enfant, non pas naïf, mais assez doux, avec du crayon de couleur, du pastel, de l’aquarelle ; ainsi que des cadrages et un découpage de grande qualité, assez classique.Un beau trait pour une horrible histoire.

Car Fantômas, ancêtre des superhéros tout puissant, n’a rien d’un représentant du bien typiquement états-unien comme Batman ou Superman, ou d’un personnage plus trouble moralement comme Arsène Lupin, son contemporain.

Fantômas est le mal incarné, un condensé de haine de la société, de sang versé. Fantômas est-il même animé par la cupidité ? Ce n’est même pas sûr...

Fantômas, c’est un dément, un criminel, un antisocial.

Ce trait, à priori éloigné de l’univers macabre de Fantômas, est au final idéal pour une lecture dérangeante.

Un trait meurtrier finalement n’aurait peut-être rien apporté à cette histoire, où Fantômas passé à la guillotine grâce aux efforts du commissaire Juve et du journaliste Fandor, renaît et cherche à se venger de ses persécuteurs de l’honnête société...

La colère de Fantômas reprend d’ailleurs en les entremêlant plusieurs romans. Olivier Bocquet a su développer un scénario intelligent, sans rajouter à priori de narration annexe disons "trop moderne". L’idée n’est donc pas de transporter au 21ème siècle Fantômas, mais de le remettre dans son cadre originel.

Certain(e)s pourraient trouver cela trop passéiste peut-être, mais à la lecture, cela fonctionne très bien. De toute manière, Fantômas dans notre temps relève vraiment d’une autre narration, certes très tentante...

Deux précisions pour finir cette chronique.

Chez les amateurs, les connaisseurs de Fantômas, dont font partie d’ailleurs les auteurs de sa renaissance, les trois films Fantômas des années 60, avec Jean Marais et Louis de Funès sont souvent moqués, accusés d’avoir déformé les personnages originaux.

Je trouve cela fort injuste et ce pour plusieurs raisons.

Tout d’abord, ces films ont participé à ne pas faire oublier Fantômas auprès du public. Ensuite, même si évident, le comique est très présent dans cette trilogie aux histoires originales, le personnage de Fantômas reste tout de même très angoissant, inquiétant et meurtrier. Mais il est vrai que c’est l’appât du gain surtout qui semble l’animer bien plus que sa haine de la société...

Les auteurs ont certainement également vu les quatre téléfilms consacrés à Fantômas dans les années 80, ressortis récemment par l’INA en dvd. En effet, leur bande dessinée reprend, en modifiant leur narration, plusieurs épisodes.

Cette série télévisuelle est assez lente, pas toujours d’une qualité irréprochable, mais comporte de très beau moment, avec une vraie ambiance fantômatique... Fantômas étant là campé par un acteur au visage découvert et identifiable, perdant quelque peu son mystère, devenant bel et bien humain...