Fille automate (La)

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Nous sommes dans un monde post-catastrophique, ruiné par l’effet de serre et ses conséquences, en particulier la montée des eaux, par des maladies nouvelles qui ont décimé les populations et anéanti espèces animales et végétales ; les compagnies génétiques ont recréé les mastodontes pour compenser la disparition des carburants et on produit l’électricité en pédalant ; les guerres ravagent les derniers pays survivants de l’Asie ; les Etats-Unis ont disparu, l’Union du Midwest abrite les grandes compagnies « caloriques », les vendeurs de céréales génétiquement modifiées et stériles, plus ou moins résistantes aux maladies nouvelles. Et dans ce monde en ruine, il semble que la Thaïlande ait réussi à recréer des légumes et des fruits disparus et résistants aux maladies et aux charançons.

Voilà pourquoi Anderson, envoyé par la firme Agrigen pour percer ce mystère tout en faisant mine de diriger une usine de piles-AR qui emmagasinent l’énergie dans un ressort, rode dans Bangkok, ou plutôt Krung Thep, la capitale assiégée par la mer, à la recherche d’une piste vers la banque de semences du pays. Alors que le pays est sous l’autorité du régent de la Reine-enfant, s’opposent le Ministère du Commerce et le Ministère de l’Environnement, le premier désireux de rétablir la libre circulation des biens même si cela doit permettre aux compagnies étrangères, farang, de le piller, le second qui veut défendre la pureté du pays et détruire toute influence étrangère, en exterminant même les réfugiés chinois de Malaisie appelés « yellow cards ». Les employés de l’Environnement, les « chemises blanches », tiennent le pays en coupe réglée, rançonnent ou tuent à leur guise. Dans ce pays en cours de désagrégation , Emiko, la fille artificielle, a été abandonnée par son propriétaire japonais et essaye de survivre. Mais c’est elle qui va précipiter la crise finale.

Même si les apparitions et interventions d’Emiko semblent secondaires par rapport à l’intrigue apparente, l’évolution et la croissance de la crise qui va impliquer tous les personnages de l’histoire, même si l’essentiel du livre semble consacré à la description de ce monde qui s’enfonce de plus en plus dans la catastrophe et aux tentatives désespérées des personnages pour réaliser leurs buts, contradictoires, c’est bien Emiko dont le sort est l’enjeu du livre. Et c’est elle la seule à qui les dernières pages laissent un faible espoir pour l’avenir.

C’est alors que le roman, qui aurait pu rester une fort belle description des différentes folies humaines et de leurs conséquences dramatique et une aventure sans issue pour tous ceux qui luttent pour sauver leurs rêves incompatibles, voire seulement leur vie, s’ouvre sur la possibilité d’un monde différent... quand l’humanité aura disparu.

On lit ces presque six cent pages en se demandant si tel ou tel personnage va s’en sortir ou s’il n’y a vraiment aucun espoir... mais celui qui apparaît à la dernière page vous laissera pantois.

La fille automate de Paolo Bacigalupi, traduit par Sara Doke, Le Diable Vauvert 2012, 595p., 23€, ISBN 978-2-84626-384-9

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