Au vingt-neuvième siècle et autres récits d’anticipation

Petit opuscule (157 pages de textes quand même), voici un dossier pédagogique destiné à la classe de 5è. Jean-François Kosta-Théfaine a sélectionné et présenté les extraits soumis à la lecture et à l’analyse des étudiants. Albert Robida se taille la part du lion, mais il est bien entouré : Jules Verne, Léo Claretie, H. G. Wells, Emile Souvestre et Octave Uzanne.

Le premier texte, assez amusant, donne son titre à l’ouvrage ; il provient de La journée d’un journaliste américain en 2889 de Jules Verne (1910). Dans deux fragments du Vingtième siècle (1883), Robida nous promène dans le Paris de 1952, vu de haut par l’aéronef omnibus B. Ce même Paris que, sous hypnose, Claretie (1886) nous fera découvrir en 1957. La découverte des applications de l’électricité puis la construction du métro (1900) engendrent nombre de récits relatifs aux transports de l’avenir. Robida poursuit ses déambulations en nous faisant visiter le centre commercial qu’est devenu la cathédrale Notre-Dame (!). Comme la proto-SF se confond ici avec la littérature d’anticipation, nous assisterons au progrès de la science avec l’invention du téléphonoscope (on entend et on voit en même temps son correspondant) (Robida), nous étudierons le programme de l’examen de fin d’études de l’Université des Métiers-Unis (Souvestre, 1846), et nous déplorerons la disparition des livres, remplacés par le kinétographe (Uzanne, 1895).

Dernier chapitre, consacré à l’alimentation, où Robida, toujours lui, s’attaque à deux thèmes bien actuels : la compétition entre des compagnies de fourniture de repas et la fabrication d’aliments synthétiques.

Une liste de questions à poser aux élèves et deux lexiques complètent le dossier. Tout cela est très sérieux et démontre l’intérêt des écoles pour la littérature d’anticipation. Voilà qui fait grand plaisir.

Cette parution me fait penser à un vieux recueil trouvé en brocante, La Science-fiction avant la SF, « anthologie de l’imaginaire scientifique français, du romantisme à la pataphysique », par Monique Lebailly, paru à Paris en 1989 aux Editions de l’Instant. Des textes de Musset, Lamartine, Hugo ou Mallarmé avoisinent des nouvelles de Théophile Gautier ou d’Erckmann-Chatrian. Deux récits fabuleux : un d’Auguste Franklin (Les ruines de Paris en 4875), et un autre d’Alphonse Daudet (Wood’stown). Décidément, l’imaginaire ne date pas d’hier !

Au vingt-neuvième siècle et autres récits d’anticipation, sélection et présentation des textes par Jean-François Kosta-Théfaine, 2018, Librio, ill. de couv. Léonard Dupond, 190 p., 2 euros.